Affaire Pistorius : une adaptation au cinéma qui passe mal en Afrique du Sud
Affaire Pistorius : une adaptation au cinéma qui passe mal en Afrique du Sud
Par Adrien Barbier (Johannesburg, correspondance)
La sortie d’« Oscar Pistorius : Blade Runner Killer » suscite la consternation de la famille du champion paralympique condamné pour le meurtre de sa compagne.
« Horrifiés et bouleversés ». La sortie prochaine d’un film américain retraçant la très médiatique affaire Pistorius a provoqué en Afrique du Sud la consternation des familles du champion paralympique et de sa défunte petite amie, Reeva Steenkamp, qu’Oscar Pistorius a tuée le 14 février 2013, lors de la nuit de la Saint-Valentin.
« Nous avions anticipé que le film allait susciter des réactions mitigées en Afrique du Sud, compte tenu du caractère sensible de cette affaire largement suivie », a admis dans un communiqué, jeudi 5 octobre, la chaîne câblée américaine Lifetime, après que la diffusion lundi de la bande-annonce du téléfilm a suscité un tollé. Intitulé Oscar Pistorius : Blade Runner Killer, le film revient sur la relation amoureuse des « Beckam sud-africains », sur le drame et sur le feuilleton judiciaire qui a marqué le pays.
Trailer: «Oscar Pistorius: Blade Runner Killer»
Durée : 01:03
Surnommé « Blade Runner », ses prothèses en carbone ressemblant à des lames, Oscar Pistorius, doublement amputé, était entré dans la légende sportive en 2012 en s’alignant avec les athlètes valides aux 400 mètres des Jeux olympiques de Londres. La nuit du 14 février 2013, persuadé qu’un cambrioleur s’était introduit dans sa demeure de Pretoria, il avait ouvert le feu sur la porte des toilettes dans lesquelles Reeva Steenkamp s’était enfermée. L’athlète, qui a toujours plaidé la méprise, purge depuis une peine de six ans de prison.
« Une grossière déformation »
« Ce film ne reflète pas la vérité de ce qui s’est passé le jour de la tragédie et du procès qui a suivi », a déploré sur Twitter le frère du champion, Carl Pistorius, qui a promis de porter l’affaire en justice. Le titre du film, en particulier, est selon lui une « grossière déformation » de la réalité, alors que l’athlète a subi une batterie de tests psychologiques qui n’ont jamais prouvé qu’il avait l’âme d’un tueur, a-t-il déclaré à une radio locale.
Oscar Pistorius - Media Statement 3 Oct 2017 with regards to @lifetimetv ‘film’ that has been produced: https://t.co/ZXNwQMAZ7k
— carlpistorius (@Carl Pistorius)
Quant à la famille Steenkamp, qui n’était pas non plus au courant du projet de film, elle a découvert « horrifiée » que l’histoire était racontée du point de vue de Reeva et de sa mère, June. « Tout ce qui laisse à penser qu’il s’agit du point de vue de June ou que le film est approuvé par la famille Steenkamp est faux et incorrect », a insisté la famille.
Le film, qui n’est pas programmé en Afrique du Sud, doit sortir aux Etats-Unis le 11 novembre, soit exactement une semaine après le retour d’Oscar Pistorius au tribunal. La Cour suprême sud-africaine doit examiner le 3 novembre un appel formulé par le parquet contre le jugement rendu en 2016, considéré trop laxiste. Dans un premier temps reconnu non coupable, puis condamné pour homicide involontaire à six ans de prison alors que la peine plancher en requiert habituellement quinze, l’athlète pourrait en l’état actuel bénéficier d’une mise en liberté conditionnelle dès 2019.