CharlElie Couture revient en « éclaireur »
CharlElie Couture revient en « éclaireur »
Propos recueillis par Patrick Labesse
Le chanteur et plasticien est en tournée pour présenter son nouvel album « Lafayette ».
Cet été, CharlElie Couture est passé par la Lorraine. A Nancy, plus précisément, sa ville natale, là où il a appris le piano avec sa grand-mère, écrit ses premières chansons, enregistré son premier album (en 1978), 12 chansons dans la sciure et étudié les beaux-arts. Il y revient le 14 octobre, invité par festival Nancy Jazz Pulsations, pour présenter aux Nancéens Lafayette, enregistré en Louisiane, son vingtième album studio, paru en 2017, l’année de ses 60 ans et qu’il « accompagne », dit-il, en tournée.
Cet été, à Nancy, il a retrouvé son frère, Tom Novembre. « On a digitalisé des cassettes de films qu’on avait tournés avec de petites caméras, autrefois. C’est une expérience intrigante de se replonger dans ce qu’on a vécu. Il y a des moments que tu croyais légers qui deviennent lourds et référents dans ton existence. »
CharlElie Couture - Lafayette, part 1: La Louisiane
Durée : 07:12
D’autres, que l’on pensait énormes, ont disparu, ont fondu avec le temps. « Il faut donc rester attentif aux moments d’importance autant qu’à ceux qui n’en ont pas. L’importance, on la comprend seulement avec du recul. » Il en est de même pour les chansons. « Pour Comme un avion sans aile [enregistré en 1981, sur l’album qui l’a propulsé vers le succès], je n’ai pas plus donné qu’aux autres. » Mais c’est ce titre qui a pris. Ainsi va la création.
« On ne sait jamais à l’avance. Etre un artiste, c’est d’abord être mû par une énergie qui t’incite à sortir de toi quelque chose que tu vas constater après. C’est rarement prémédité. Pour moi, dans le monde, il y a d’un côté les archets, de l’autre les éclaireurs », explique le chanteur.
Intuition de l’artiste
« L’archet est celui qui a une vision préconçue de son acte, il sait ce qu’il vise. Il est prêt ou loin de la cible et cela rend son acte plus ou moins admirable. Il choisit de le faire de la main droite ou de la main gauche, en fermant un œil ou en gardant les yeux ouverts : c’est ce qu’on appelle le style », analyse-t-il. « Ceux-là, ce sont les gens du conscient, ceux qui vivent avec la raison. Et puis, il y a les éclaireurs. Eux partent mus par une sorte d’intuition, par l’énergie de se mettre en action : eux sont les artistes. » Eprouvant un certain ras-le-bol de ne pas se voir reconnaître en tant que plasticien autant que chanteur et musicien, Couture avait quitté la France pour s’installer aux Etats-Unis en 2004. Il en est revenu. « En fait, j’ai inversé les proportions, nuance-t-il. Durant ces années aux Etats Unis, je venais en France seulement quand j’avais de bonnes raisons de le faire, désormais ce sera l’inverse. »
Pourquoi ce retour ? « Un matin, en me réveillant, je me suis dit : qu’est-ce que je fous là ? Je suis parti pour chercher quelque chose que j’ai trouvé, mais aussi parce que les Etats-Unis incarnaient un certain idéal démocratique qui correspondait à un rêve que j’avais eu quand j’étais ado : une Amérique où tout était possible, si on y mettait l’entrain. Ce n’est plus exact aujourd’hui. » Il ne le dit pas formellement, mais il se pourrait bien que l’arrivée de Donald Trump l’ait conforté dans sa décision : « Tout ce qu’il fait, tout ce qu’il dit, son attitude, son comportement, tout ce qu’il incarne est obscène. »
Quoi de neuf depuis cet été ? La tournée Lafayette, qui se prolonge, et puis ses œuvres – toiles, photos et sculptures –, qui doivent arriver par cargo cette semaine. En novembre, il expose au Salon de la photo à Paris et, en décembre, à la Foire internationale de Montpellier. Il ne s’imagine pas autrement qu’en action. « Un homme arrivé est un homme fatigué. Moi je me veux toujours dans l’entrain. » Voire, en déséquilibre. « Si tu es trop équilibré, tu ne bouges pas. »
Lafayette, de CharlElie Couture, 1 CD Fontana-Mercury.
En concert le 11 octobre à Seyssinet-Pariset (Isère), le 12 à Onex (Suisse), le 14 au festival Nancy Jazz Pulsations (Meurthe-et-Moselle), le 20 à Vendenheim (Bas-Rhin), le 10 novembre à Firminy (Loire), le 17 à Vals-le- Bains (Ardèche)…