Séminaire gouvernemental : Edouard Philippe met le cap à gauche
Séminaire gouvernemental : Edouard Philippe met le cap à gauche
Par Cédric Pietralunga
Dimanche, le premier ministre a invité les ministres réunis à Matignon à mettre davantage en avant l’action de l’exécutif, notamment les mesures sociales.
Surtout, ne pas se fier aux chemises ouvertes ou aux pantalons en toile. Si les ministres avaient choisi un look décontracté pour leur troisième séminaire gouvernemental, convoqué dimanche 8 octobre à Matignon par le premier ministre Edouard Philippe, l’heure était bien à la mobilisation, alors que l’exécutif doit faire face à une baisse de sa popularité et se voit accusé de mener une politique « pour les riches ».
« Nous avons beaucoup de travail sur la table, il y a beaucoup de choses à faire si on veut continuer à réparer le pays et ça exige une très bonne coordination et une très bonne entente ; ces séminaires visent exactement à ça », a indiqué en préambule le chef du gouvernement, qui avait lui-même opté pour un jean couleur moutarde et une chemise chambray. La réunion a duré plus de quatre heures et s’est prolongée par un dîner informel, pour lequel certains ministres se sont néanmoins fait excuser.
Selon différents participants, Edouard Philippe a invité chacun de ses ministres à détailler le calendrier de leurs actions « pour les prochaines semaines ». Objectif : « assurer la cohérence de nos démarches, (…) décider de leur séquencement et (…) organiser en conséquence les travaux interministériels et la communication gouvernementale », avait expliqué le premier ministre dans la lettre de convocation adressée le 3 octobre aux membres du gouvernement, dont Le Monde s’est procuré une copie.
« Bâton de pèlerin »
Après l’adoption des ordonnances réformant le code du travail et la présentation du projet de loi de finances (PLF) pour 2018, qui ont cristallisé les critiques de l’opposition, l’exécutif entend vite tourner la page et parler maintenant de « protection ». Les réformes de la formation professionnelle, de l’apprentissage et de l’assurance-chômage, dont la phase de concertation débute cette semaine, ainsi que le lancement prochain d’un « plan étudiant » et d’un « plan pauvreté », doivent permettre de mettre davantage l’accent sur le volet social de l’action du gouvernement, insiste-t-on à Matignon.
« L’idée de ce séminaire n’était pas de lancer un concours Lépine de nouvelles mesures sociales, mais de voir comment mieux faire vivre l’équilibre de la politique gouvernementale, pour ne pas se laisser enfermer dans le débat par les oppositions et les caricatures », explique un proche d’Edouard Philippe.
Le premier ministre a également invité les membres de son gouvernement à s’exprimer davantage dans les médias, afin de défendre l’action de l’exécutif. Depuis cet été, Emmanuel Macron se plaint d’être trop souvent seul en première ligne. « A part Collomb [le ministre de l’intérieur], Blanquer [le ministre de l’éducation] et bien sûr Castaner [le porte-parole du gouvernement], on n’entend personne. Ils sont où les autres ? », s’agace un proche du chef de l’Etat.
« Le premier ministre a demandé à chacun de prendre son bâton de pèlerin, d’aller sur le terrain et de faire la pédagogie des réformes », confirme un conseiller. Edouard Philippe lui-même ne ménage pas sa peine. Après avoir participé à « L’émission politique » sur France 2 le 28 septembre, il devait prendre part à la matinale d’Europe 1, lundi 9 octobre. Le mercredi 11 octobre, il répondra à nouveau aux questions des internautes sur Facebook. Un rendez-vous d’une demi-heure qu’il compte honorer chaque semaine.