Vendredi 6 octobre, l’Erasbus (au fond) a fait étape en Avignon, dans le Vaucluse. / Erasmus Student Network

L’Erasbus effectue, entre le 21 septembre et le 14 octobre, une tournée dans les villes françaises, à la rencontre des jeunes, afin de les renseigner sur le programme européen d’échanges Erasmus + et leur donner le goût de la mobilité.

Partie en Erasmus en master 1 de droit en Lituanie, Morgane Molnar a adhéré au réseau des étudiants Erasmus ESN (Erasmus Student Network) et conduit le minibus de Bordeaux à Pau, Toulouse, Montpellier, Marseille, Avignon, Lyon, Bourgoin-Jallieu, en attendant Clermont-Ferrand, Besançon et Dijon, où elle passera le relais, après deux semaines de route… Elle partage ici son expérience de bénévole sur les étapes de ce tour Erasbus.

Comment se passe une étape du tour Erasbus ?

Tout dépend de ce que l’association locale a organisé. Nous pouvons être sur une place avec notre stand et répondre aux questions des passants. Ou bien être dans une école : un lycée professionnel, ou une université et participer à des forums ou des ateliers en présence d’étudiants internationaux. Par exemple, nous avons le « jeu des clichés », où un étudiant irlandais va demander aux lycéens comment ils se représentent son pays, à quoi ils l’associent… Notre but est d’éveiller au goût du voyage, d’ouvrir l’esprit des jeunes.

Dans les lycées professionnels, les élèves savaient-ils qu’Erasmus pouvait les concerner ?

Pas du tout. Quand nous arrivons avec notre bus, qui est très visible, floqué de dessins et de fleurs roses ou blanches, ils sont extrêmement surpris. Ils ne sont pas du tout au courant de ce qu’est Erasmus, qu’ils peuvent en bénéficier pour faire une partie de leurs études, partir en stage, ou bien être bénévole. Ils n’imaginent pas que c’est pour eux. Mais c’est également le cas de beaucoup de professeurs qui ne connaissaient pas encore cette possibilité, dans les établissements qui n’ont pas de bureau des relations internationales, qui n’ont pas fait de démarches et qui n’ont pas de partenaires. Mais il suffit de s’y intéresser pour pouvoir se lancer !

Les filières les plus courtes et les plus professionnalisantes sont celles qui se sentent les plus éloignées d’Erasmus. Mais j’ai eu aussi de bonnes surprises : j’ai discuté avec un jeune homme en filière boucherie qui pensait partir en Espagne car les consommateurs y sont très friands de viande, et parce qu’il s’intéresse aux systèmes réfrigérants là-bas.

Et dans les filières d’études plus longues ?

A l’université, les étudiants en langues européennes connaissent très bien le dispositif, qui est intégré aux enseignements. Mais beaucoup d’étudiants dans les autres filières n’imaginent pas partir en Erasmus. C’est une démarche qui leur semble très compliquée, alors qu’il suffit d’en parler et d’expliquer.

D’autre part, certains – comme en droit – s’inquiètent que la discipline soit trop différente. Je leur explique que c’est une véritable chance, au contraire de découvrir d’autres systèmes juridiques, de pouvoir faire du droit comparé, même s’il y aura effectivement des points du programme à rattraper par soi-même en France. D’autre part, certains ont peur de ne pas arriver à valider des études dans une autre langue, par exemple en sciences. ils se disent que c’est difficile déjà en français.

C’est d’ailleurs une réticence majeure : la peur de ne pas se débrouiller en langues, de ne pas avoir un niveau d’anglais suffisant, par exemple. Je leur dis que, justement, il va s’améliorer énormément une fois arrivé, parce que la meilleure façon de progresser c’est l’immersion.

Quelles autres réticences rencontrez-vous chez les étudiants ?

Les jeunes gens, comme les autres, ont de l’appréhension à s’éloigner des personnes qu’ils connaissent et de leurs proches. D’autre part, la question financière pèse. J’ai parlé avec un jeune homme qui renonçait pour cette année car il avait eu des problèmes avec sa voiture et cela lui coûtait cher. Cela m’a fait mal au cœur.

La question du budget suscite beaucoup de questions : nous parlons beaucoup des bourses et du coût de la vie à l’étranger. Beaucoup ne savent pas que l’on peut cumuler une bourse Erasmus – dont le montant dépend du coût de la vie dans le pays –, une bourse de sa région d’origine et une bourse du Crous, sur critères sociaux : cela peut donner un pécule intéressant pour partir dans un pays étranger où le coût de la vie n’est pas forcément supérieur.

Enfin, beaucoup redoutent d’avoir des problèmes pour se loger. Je leur explique que notre association, l’ESN, est en contact avec les associations étudiantes dans toutes les villes européennes, que le contact peut être pris bien en avance pour avoir des conseils, des pistes, des sites Internet, et que les établissements ont parfois leurs propres logements à leur proposer. Nous pouvons aussi les mettre en relation avec des étudiants qui ont déjà fait cette mobilité. Grâce à ces discussions, on peut les rassurer et aborder de façon sereine la mobilité.

Quelle est la question type du néophyte ?

Souvent, c’est : « Est-ce que vous payez le billet d’avion ? » J’explique que nous sommes un réseau d’étudiants qui peut les aider dans leurs démarches, leur donner des informations – nous leur donnons un passeport de la mobilité, des contacts, y compris avec des jeunes qui sont déjà partis au même endroit –, mais que c’est avec leurs bourses qu’ils devront payer le transport. Il y a des prix avec certaines compagnies aériennes, et des tarifs peu élevés avec des compagnies low cost. Mais le bus peut être plus économique, tout en étant confortable, ou bien le train… même si le voyage est plus long.

Des anciens, qui sont déjà partis par Erasmus, viennent-ils vers vous ?

Assez peu. Mais ceux qui posent le plus de questions, ce sont ceux qui vont partir le semestre prochain, ou bien qui ont posé une candidature. Ils se demandent s’ils doivent déposer un dossier de bourse immédiatement, ou bien attendre une réponse positive : ils se préoccupent de toutes les démarches.

Ce qui est intéressant, a contrario, c’est de pouvoir discuter avec d’autres étudiants qui ne veulent pas partir, et qui viennent nous dire : « Je ne veux pas m’éloigner de ma famille, je suis casanier, je ne suis pas un aventurier »… C’est l’occasion d’en parler et de leur dire à quel point cette expérience peut être positive.