La victoire à bas bruit des Bleus
La victoire à bas bruit des Bleus
Par Alain Beuve-Méry
Plus son adversaire est faible, plus la France tremble. C’est l’effet paradoxal de la victoire, mardi, contre la Biélorussie, constate, dans sa chronique télévisuelle, le journaliste du « Monde » Alain Beuve-Méry.
L’entraîneur de l’équipe de France de football Didier Deschamps, avec ses adjoints, lors de la rencontre France - Biélorussie (2-1), au Stade de France, le mardi 10 octobre. La France termine première de son groupe et est qualifiée pour la 21ᵉ édition de la Coupe du monde de football, qui se déroulera en Russie du 14 juin au 15 juillet 2018. | PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS
Chronique « Replay ». On a eu l’impression qu’il ne fallait pas trop élever la voix hier soir. Certes, l’équipe de France a gagné son ticket pour le Mondial 2018 en Russie, en battant la Biélorussie par deux buts à un, mais au coup de sifflet final, on peinait à entendre les cocoricos. Ce fut somme toute une victoire à bas bruit.
Cette douceur était perceptible d’emblée dans les commentaires de Grégoire Margotton et Bixente Lizarazu. « L’équipe de France a une obligation de résultat », lance le journaliste sportif de TF1, tandis que l’ancien international français répète en boucle que « tout cela manque de conviction, d’agressivité. »
Le résultat est là, mais il semble préférable ne de pas s’en vanter. À l’issue du match, c’était comme si tous s’étaient donné le mot : entraîneurs, joueurs, commentateurs et supporters. « On est très content », lâche Antoine Griezmann, l’un des héros du match, mais ses yeux contredisaient son propos. Cela manquait d’ardeur.
Semelles de plomb
Aucun homme politique de premier plan, aucune véritable star n’avait fait le déplacement. Pas d’aparté entre François Hollande et Nicolas Sarkozy, comme dans les loges VIP du Paris-Saint-Germain. Pas d’Insoumis non plus dans les gradins. Si les joueurs étaient en marche, ils ont vite accroché des semelles de plomb, au point qu’au milieu de la seconde mi-temps, Bixente Lizarazu a même craint de s’endormir.
On imagine que la campagne de Russie en 1812, quand Napoléon est parti avec les « Marie-Louise » – des soldats à peine âgés de 20 ans – a connu les mêmes avanies. Elle est longue et semée d’embûches, la route qui mène à Moscou. Pour autant mardi soir, il n’y a pas eu de Bérézina. Le match contre la Biélorussie était bien moins piteux que celui de samedi contre la Bulgarie.
Mais voilà, l’équipe de France a cet immense talent de dramatiser sa qualification. C’est face à une sélection d’Europe orientale qui n’est que 77e au classement FIFA qu’elle a joué à se faire peur. « Il n’y a rien de plus beau que de jouer une coupe du monde », expliquait le sélectionneur Didier Deschamps, avant le match. A croire mardi que les plus grandes joies sont muettes.