« Ouvrir la voix » : la parole des « afrodescendantes »
« Ouvrir la voix » : la parole des « afrodescendantes »
Par Thomas Sotinel
La documentariste Amandine Gay a recueilli les souvenirs, les aspirations et les révoltes de 24 femmes d’origine africaine vivant en France.
Le projet est aussi simple qu’ambitieux, il aurait pu emprunter les voies de la littérature, du théâtre ou de la musique, il s’agit de faire entendre la parole et les voix de femmes. Des femmes qui se définissent les unes comme « afropéennes », les autres comme « afrodescendantes », qui vivent toutes en France, où la plupart sont nées, qui toutes ont fait l’expérience du racisme, d’un racisme qui a pris des formes particulières en raison de leur genre.
Le résultat, foisonnant, passionnant, est canalisé par une forme austère, résolument militante, qui privilégie l’énoncé des grandes questions au surgissement des individualités à l’écran. Si l’on prend son parti du choix de la réalisatrice, on trouvera dans Ouvrir la voix, un matériau d’une extrême richesse.
Amandine Gay: "Etre une femme noire en France, c'est un enjeu spécifique"
Durée : 18:12
En plan serré face caméra
Amandine Gay fait parler face à la caméra 24 femmes, filmées la plupart du temps en plan très serré. Le film est scandé de cartons de lettres de plastique sur fond blanc, entre le tableau d’affichage d’une entreprise et la devanture d’un cinéma, qui annoncent les thèmes que les intervenantes vont aborder. Ils vont de la découverte du racisme pendant l’enfance à l’éventualité de la maternité, en France.
Entre-temps, on aura embrassé ou effleuré les discriminations scolaires et professionnelles, la place des femmes d’origine africaine dans l’imaginaire érotique des Blancs, le rapport de chacune à la religion (catholique, musulmane ou juive, puisque l’une des femmes filmées est de mère juive polonaise et de père musulman gambien), le statut des lesbiennes dans la communauté noire…
C’est beaucoup, si bien que la réalisatrice a privilégié les points d’accord, qui vont dans le sens de la tonalité du film, plutôt que les contradictions qui ne font qu’affleurer et qu’on aimerait parfois voir se déployer. Reste que les situations, les souvenirs, les aspirations, les frustrations, racontés, avoués, ressassés, prennent ici une réalité d’autant plus marquante qu’ils sont généralement absents aussi bien des débats que de la fiction.
OUVRIR LA VOIX_Trailer
Durée : 00:55
Documentaire français d’Amandine Gay (2 h 02). Sur le Web : ouvrirlavoixlefilm.fr et fr-fr.facebook.com/OuvrirLaVoix