Londres confirme son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre
Londres confirme son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre
Par Eric Albert (Londres, correspondance)
Avec deux ans de retard, malgré le Brexit, le Royaume-Uni publie sa feuille de route pour réduire ses émissions, mais reste flou sur ses détails.
Une ferme éolienne près de Hartlepool, dans le nord-est de l’Angleterre, en mars 2017. / OLI SCARFF / AFP
Le Royaume-Uni n’a finalement pas changé de cap. Malgré le Brexit et ses tentations de dérégulation, malgré les hésitations au sein du Parti conservateur, le gouvernement britannique a publié jeudi 12 octobre sa feuille de route pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 57 % d’ici à 2032 – par rapport au niveau de 1990. Sous le gouvernement de l’ancien premier ministre David Cameron, Londres avait paru hésité et avait repoussé à plusieurs reprises sa publication.
Finalement, avec deux ans de retard sur le calendrier initial, sa successeure, Theresa May, a dévoilé sa stratégie pour mettre la croissance verte au cœur de sa vision économique. Et pour écarter les éventuels doutes, le document précise d’emblée : « Quitter l’Union européenne n’affecte pas nos engagements [de réduction d’émissions de gaz à effet de serre], qui sont de toute façon plus ambitieux que ceux de la législation européenne. »
La loi britannique de 2008 sur le changement climatique prévoit la réduction des émissions de 80 % d’ici à 2050, en imposant des seuils intermédiaires tous les cinq ans. L’objectif pour 2032 a été voté en 2016, mais il manquait jusqu’à présent la feuille de route pour y parvenir.
Premier sur l’éolien en mer
Pour l’instant, le Royaume-Uni fait plutôt figure de bon élève. Il a réduit ses émissions de 42 % depuis 1990, dépassant ses objectifs initiaux. Mais de l’aveu même du gouvernement, le plus facile a été fait, en fermant la plupart des centrales électriques à charbon, très polluantes. « Nous devons maintenant reproduire ce succès dans toute l’économie, particulièrement dans le secteur du transport (24% des émissions), ainsi que celui des entreprises et de l’industrie (25% des émissions) », note la feuille de route.
Pourtant, derrière ces ambitions, le Royaume-Uni se montre flou dans la façon dont il compte s’y prendre. Il évoque seulement une enveloppe de 2,5 milliards de livres (2,8 milliards d’euros) pour la période 2015-2021, une somme qui était pour l’essentiel déjà annoncée.
Le quart de l’argent doit être consacré à la baisse des émissions dans la production d’électricité. Le Royaume-Uni est déjà le premier pays au monde pour l’éolien en mer, et entend continuer sur cette voie. Le document confirme aussi sa volonté de développer de nouvelles centrales nucléaires, y compris celle de Hinkley Point C, en cours de construction par EDF malgré de vives controverses sur son coût.
Stockage de carbone
Par ailleurs, un tiers des subventions doit aller à l’aide aux véhicules électriques, avec l’ambition – comme celle annoncée par la France – de mettre fin aux ventes de voitures à essence ou diesel d’ici à 2040. Le soutien au développement d’un réseau de bornes de recharge de batterie doit être poursuivi, ainsi que des subventions pour rendre plus verts les bus et les taxis.
Des aides à la recherche sur les technologies propres sont aussi annoncées, en particulier pour la capture et le stockage de carbone. Ce procédé vise à séquestrer les émissions de CO2 directement au niveau des centrales électriques et à les enfouir sous terre. Mais s’il suscite de grands espoirs, sa mise au point s’avère nettement plus difficile que prévu. En 2015, face aux difficultés des projets pilotes, le gouvernement de M. Cameron avait décidé de supprimer une subvention d’un milliard de livres. L’actuelle feuille de route vise à relancer l’effort dans ce domaine.
Dans l’ensemble, le document a été reçu avec un soulagement prudent par les associations environnementales comme par le patronat, mais le manque de détails inquiète. « Il est maintenant essentiel que les entreprises et le gouvernement travaillent ensemble pour s’assurer que cette stratégie se traduise dans les faits », estime Neil Carberry, du CBI, le principal groupement patronal britannique.