Solidarités intergénérationnelles
Solidarités intergénérationnelles
Par Alain Beuve-Méry
Dans l’émission Clique TV, dimanche après-midi, Mouloud Achour a raconté une véritable histoire belge. Un site internet proposait à des étudiantes de sortir avec un « papy gâteau » pour arrondir ses fins de mois, relate dans sa chronique télévisuelle, le journaliste du « Monde » Alain Beuve-Méry.
Mouloud Achour, présentateur de l'émission. / Philippe Mazzoni
Chronique Replay. L’histoire se passe à l’université libre de Bruxelles. François Dubuisson, qui y est professeur de droit, voit circuler sur le campus, un camion avec la publicité suivante : « hey les étudiantes ! améliorez votre style de vie, sortez avec un sugar daddy. » Il décide de la prendre en photo et de la partager sur Facebook.
Mais qu’est-ce au juste qu’un « sugar daddy » ? Il s’agit d’un homme riche et intéressé par des jeunes femmes. Le décryptage de cette affaire est simple : si tu es étudiante et que tu rencontres des difficultés pour payer tes frais de scolarité, je peux te venir aide, moyennant en retour quelques menus services.
Après la publication de l’annonce sur le réseau social, les réactions ne se sont pas fait attendre de la part des syndicats étudiants, qui ont dénoncé une prostitution estudiantine à peine voilée, mais aussi des autorités publiques.
La campagne a été stoppée nette et le camion remisé au garage. Sigurd Vedal, fondateur du site RichMeetBeautiful jure que « le concept de la campagne a été mal interprété » et qu’en aucun cas, il ne s’agissait de prostitution sur le web. Qui croire ? Mouloud Achour qui a épinglé dimanche après-midi cette histoire dans son émission « Clique dimanche » sur Canal+, n’hésite pas à parler d’« ubérisation de la prostitution. »
Scandale
L’animateur a fait le lien avec le scandale qui éclabousse le producteur de cinéma Harvey Weinstein, accusé de harcèlements sexuels et de viols sur une trentaine de femmes. À chaque fois, les puissants de ce monde n’ont pas de garde-fous et peuvent abuser de leur pouvoir réel ou symbolique, en toute liberté. Ce qui choque tout particulièrement ici, c’est la facilité déconcertante avec laquelle ces abus immémoriaux peuvent être réalisés désormais d’un seul clic.
À chaque rentrée universitaire, à l’automne, fleurissent des reportages sur les étudiants qui font des petits boulots pour payer leurs études ou leurs loyers, et on est heureux de savoir qu’ils sont désormais des « proies potentielles ».
On espère aussi que la baisse de cinq euros de l’aide personnalisée au logement (APL) décidée en France par le gouvernement n’aura pas de fâcheuses conséquences. Celui-ci pourrait créer le site : « Adopte un étudiant » pour leur venir en aide.
Dommage que Mouloud Achour n’ait pas conservé son invité, Christophe Castaner, jusqu’à la fin de son émission, la réponse du porte-parole du gouvernement sur le sujet aurait été instructive.