LES CHOIX DE LA MATINALE

Produite par Charlize Theron et David Fincher, la nouvelle série Mindhunter (une plongée au cœur de l’école de formation des agents du FBI dans les années 1970) est déjà une belle réussite. Le reboot du célèbre feuilleton des années 1980 Dynastie est en revanche un triste naufrage…

« Mindhunter », psycho-stratégie au FBI

MINDHUNTER | Official Trailer [HD] | Netflix
Durée : 02:09

Si l’on se fie à ses deux premiers épisodes, Mindhunter fera partie à n’en pas douter des passionnantes réussites de l’automne, une série à la fois élégamment bavarde, réflexive et constamment teintée d’un très subtil humour.

Produite par Charlize Theron et David Fincher (Seven, Zodiac), qui a aussi assuré la réalisation de ces deux premiers épisodes, Mindhunter nous renvoie à la fin des années 1970, au cœur de l’école de formation des agents du FBI. Deux enseignants vont y innover en s’intéressant à la psychologie criminelle, afin de comprendre ce qui peut amener des multirécivistes à commettre d’horribles crimes, tout cela sans motif apparent.

Dans une Amérique détraquée (post-Watergate, post-guerre du Vietnam), la criminalité a changé, constatent-ils. Il faut donc à la police de nouveaux outils, tel le « profiling », pour entrer dans la tête de ce type de meurtriers et mettre fin aux agissements de ceux que l’on n’appelait pas encore les « serials killers ». Martine Delahaye

« Mindhunter », série créée par Joe Penhall. Avec Jonathan Groff, Holt McCallany, Jordan Gelber (Etats-Unis, 2017, 10 x 55 minutes). La saison entière est disponible sur Netflix.

« Dynastie », ton univers pitoyable

DYNASTY Season 1 Trailer (2017) Nathalie Kelley, TV Show HD
Durée : 00:42

Au cours des années 1980, dans l’Amérique de Ronald Reagan, le feuilleton Dynastie était un peu le trou de serrure par lequel on épiait la vie des ultra-riches. Un monde où les femmes portaient des robes chatoyantes aux épaulettes démesurées, où les coupes de champagne se buvaient comme des canettes de Coca, où les mégots de cigarettes s’écrasaient dans des bols de caviar… On était fasciné par les drames que vivaient les Carrington, gens de la haute dont les conflits se réglaient devant les tribunaux, par de sombres machinations ou dans la boue, comme au catch.

Trois décennies plus tard, le « Network » CW ressuscite ce « soap » avec un « reboot », comprendre en bon français une resucée remise au goût du jour. Le pari était osé et, disons-le, finalement raté. A l’heure où la vie de la famille Kardashian s’étale depuis dix saisons sur les écrans et qu’un magnat kitch de l’immobilier est président des Etats-Unis, on pouvait s’attendre à ce que les scénaristes construisent un univers décadent, glamour, extravagant… Or, dès les premières minutes, on est plongé dans une telenovelas.

Le château des Carrington, désormais installé dans la banlieue d’Atlanta (au lieu de Denver), s’apparente à une villa de nouveaux riches aménagée chichement. Et les héroïnes semblent cette fois avoir trouvé leur garde-robe chez H&M. La réalisation est quant à elle au niveau des séries-réalité. On retrouve certes les personnages fétiches de la série, mais dans une version palote et sans saveur. Le patriarche Blake Carrington est un jeune « vieux beau », fort éloigné du charisme de John Forsythe. Sa fille Fallon est tout aussi dévergondée que sa jumelle des années 1980 mais beaucoup moins convaincante, tout comme Krystle (devenue Cristal) dans le rôle de la secrétaire qui épouse le patron. Joël Morio

« Dynastie », de Josh Schwartz, Stephanie Savage et Sallie Patrick. Avec Grant Show, Nathalie Kelley, Elizabeth Gillies (Etats-Unis, 2017, 13 x 42 minutes). Sur Netflix, un nouvel épisode est proposé tous les jeudis, 24 heures après sa diffusion aux Etats-Unis.

« Star Trek Discovery », retour vers le passé

Star Trek: Discovery | Official Trailer [HD] | Netflix
Durée : 02:51

Dans la sixième série tirée de Star Trek, nous assistons à un retour vers le passé du futur, avant que le capitaine Kirk et son acolyte aux oreilles pointues Spock embarquent pour l’espace. Cette fois, dans Star Trek Discovery, deux femmes sont aux commandes. Comme les premiers héros de la série, qui a fêté ses 50 ans en 2016, elles explorent la galaxie, en particulier la frontière entre le territoire de la Fédération des planètes unies et celui du guerrier empire Klingon.

Les codes de la saga sont respectés. L’essentiel est là, avec des effets spéciaux dignes d’une superproduction hollywoodienne. C’est par Sarek, ambassadeur de Vulcain – le père de Spock –, que se fait le lien avec la saga. Il s’est ­occupé de l’éducation de Michael Burnham, le premier officier de Philippa Georgiou, capitaine de l’USS Shenzhou. L’équipage du vaisseau a repéré un objet ­mystérieux, ce qui va provoquer des réactions en chaîne et menacer la fragile paix entre la Fédération et les Klingons.

Les deux premiers épisodes s’apparentent un peu à un pilote. Ce n’est qu’à partir du troisième que la série s’installe vraiment avec de nouveaux personnages.

En 2256, les frontières entre le bien et le mal sont ténues, même au sein de Star Fleet. Dans cet univers trouble, les scénaristes se sont appliqués à rendre le caractère des protagonistes plus complexe que dans d’autres avatars de la saga. Reste à découvrir s’ils seront aussi attachants que les héros qui ont peuplé le monde créé par Gene Roddenberry il y a plus d’un demi-siècle. J. Mo.

« Star Trek Discovery », série créée par Bryan Fuller et Alex Kurtzman. Avec Sonequa Martin-Green, Michelle Yeoh… (Etats-Unis, 2017, 15 × 43 minutes). Sur Netflix, un nouvel épisode est proposé tous les lundis, 24 heures après sa diffusion aux Etats-Unis.