Le parquet de Lille a annoncé, vendredi 20 octobre, faire appel de la condamnation à sept ans de prison de Claude Hermant pour trafic d’armes en bande organisée, dont certaines ont servi lors de l’attentat de l’Hyper Cacher, en janvier 2015, confirmant une information de La Voix du Nord.

Claude Hermant, figure de l’extrême droite lilloise, avait été jugé avec neuf autres prévenus du 11 au 17 septembre devant le tribunal correctionnel de Lille (Nord). Dans leur condamnation, les juges n’ont pas respecté les réquisitions du parquet, qui avait demandé dix ans de prison, soit la peine maximale encourue, ainsi que 150 000 euros d’amende.

La défense de M. Hermant a, elle aussi, déjà fait appel de cette condamnation lundi, n’étant pas satisfaite ni des « motivations » du jugement ni du « quantum de la peine », a fait savoir MMaxime Moulin, qui avait plaidé pour M. Hermant la relaxe.

Armes remilitarisées

Son client, en détention provisoire depuis janvier 2015, est le principal mis en cause dans cette vaste affaire qui porte sur près de 500 armes et qui a nécessité plus de deux ans et demi d’instruction.

Tout commence par une banale perquisition dans le cadre d’une enquête pour dégradation, le 16 décembre 2013, à Lille. Dans un appartement de la rue Jules-Guesde, on retrouve un pistolet-mitrailleur qui porte les traces d’un bricolage particulier : l’arme a été remilitarisée – ou réactivée, c’est-à-dire rendue apte au tir – alors qu’elle était au départ démilitarisée – ou neutralisée, c’est-à-dire inoffensive, une arme à blanc. Le pistolet est expertisé, l’ADN de Claude Hermant apparaît.

Le commerce auquel s’est livré le trafiquant a fini, en bout de chaîne, par équiper Amedy Coulibaly, auteur de l’attentat de l’Hyper Cacher. Six armes, dont des pistolets Tokarev, sont tombées dans les mains du djihadiste qui a assassiné, le 9 janvier 2015, à Paris, quatre personnes, avant d’être tué par la police. La veille, il avait tué une policière municipale à Montrouge (Hauts-de-Seine).

Le parquet de Lille a également fait appel de la condamnation de la compagne de Claude Hermant, Aurore J., qui avait été condamnée à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, et 30 000 euros d’amende ; de celle de Samir Ladjali, un des intermédiaires présumés de Coulibaly, condamné à cinq ans de prison et 15 000 euros d’amende ; et de celle d’un agent de renseignement des douanes, Sébastien L., condamné à huit mois avec sursis.