TV – « Les Trois Morts de Mussolini »
TV - « Les Trois Morts de Mussolini »
Par Daniel Psenny
Notre choix du soir. Cette enquête retrace la fin du dictateur italien, en 1945, dont la version officielle est contestée par les historiens (sur France 5 à 22 h 40).
Les trois morts de Mussolini - Teaser
Durée : 01:39
Le 29 avril 1945 sur la place Loreto, à Milan, une foule se déchaîne sur les corps sans vie de Benito Mussolini, de sa maîtresse, Clara Petacci, et de quelques dignitaires fascistes fusillés quelques heures auparavant. Pour calmer un tant soit peu cette horde, les partisans italiens décident d’accrocher les corps à des crocs de boucher pour les exhiber. Ainsi, après avoir dirigé pendant plus de vingt-deux ans l’Italie d’une main de fer, le Duce, adulé quelques années auparavant par cette même foule, finissait sa vie pendu par les pieds sur la place même où ses milices fusillèrent des milliers d’antifascistes italiens.
Plus de soixante-dix ans après cette fin spectaculaire, les mystères sur sa capture et les interrogations sur sa mort restent entiers. Malgré des dizaines d’enquêtes et de livres consacrés à ce sujet, on ne sait toujours pas avec certitude qui a tué Mussolini, dans quelles circonstances, ni pourquoi le dictateur, qui pouvait s’enfuir en Suisse avec l’appui des Allemands, ne l’a pas fait. Ce sont toutes ces questions que pose la réalisatrice Emmanuelle Nobécourt dans son documentaire en forme d’enquête policière où elle retrace, en compagnie d’historiens italiens et en exhumant de nombreuses archives, les derniers jours de Mussolini.
« Les Trois Morts de Mussolini », d’Emmanuelle Nobécourt / Olivier Marquezy / Flach Film
L’histoire (ou la légende ?) affirme que le Duce, en fuite après la progression des Alliés au nord de l’Italie, se serait caché dans un camion allemand en route pour l’Autriche. Reconnu par les partisans qui auraient stoppé le convoi sur les bords du lac de Côme, Mussolini aurait été arrêté par le capitaine Neri et mis au secret dans une maison de montagne. Il aurait ensuite été exécuté par le colonel Valerio, une des figures du comité de libération nationale, avant que le cadavre du dictateur et celui de sa maîtresse ne soient exhibés et livrés à la fureur populaire sur la place milanaise.
Churchill impliqué ?
Cette version avait déjà été mise en doute par l’historien spécialiste de l’Italie Pierre Milza dans son livre Les Derniers Jours de Mussolini (Fayard, 2010), où il soulignait les interrogations liées à l’exécution du leader fasciste et posait la question du rôle des services secrets britanniques, qui auraient été chargés par Churchill de supprimer au plus vite Mussolini, avec qui le premier ministre britannique avait échangé une correspondance embarrassante. Des documents que le Duce avait pris avec lui dans sa fuite, ainsi qu’un trésor de plusieurs milliards de lires. Ce trésor fut trouvé et caché par le capitaine Neri, qui le livra ensuite aux nouvelles autorités italiennes. Mystérieusement, Neri disparut peu de temps après, et son corps n’a jamais été retrouvé. Plusieurs historiens avancent que ce trésor aurait permis de financer le Parti communiste italien (PCI), qui fut le fer de lance des partisans antifascistes.
Dans son documentaire, Emmanuelle Nobécourt pointe également la mémoire courte des Italiens sur cette période. Plus de soixante-dix ans après la chute du fascisme, elle rappelle que le mythe du Duce reste présent dans une Italie qui a encore bien du mal à faire son introspection sur ce sujet.
Les Trois Morts de Mussolini, d’Emmanuelle Nobécourt (France, 2016, 52 min).