Les combats perdus de Christine Boutin
Les combats perdus de Christine Boutin
Par Alain Beuve-Méry
Christine Boutin, qui avait préconisé « le vote révolutionnaire » contre Emmanuel Macron, a reconnu pour la première fois avoir voté pour Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, raconte le journaliste Alain Beuve-Méry dans sa chronique télé.
Christine Boutin a été condamnée par la justice pour avoir déclaré que « l’homosexualité est une abomination » (Christine Boutin annonce son retrait de la politique le 21 octobre). / THOMAS SAMSON / AFP
Replay. Mais quels sont les combats qui animent toujours Christine Boutin ? C’est visiblement la question que se sont posés Pascal Praud, sur Cnews, et David Pujadas, sur LCI, qui ont chacun invité, lundi, l’ex-pasionaria catholique, afin de recueillir ses adieux à la politique.
Pour les plus jeunes qui ne la connaissent pas, Christine Boutin, c’est avant tout la députée qui a connu son heure de gloire en 1998, en brandissant la Bible dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale pour protester contre l’adoption du pacte civil de solidarité (pacs), l’ancêtre du mariage homosexuel, qui choquait ses convictions. Elle a aussi été condamnée par la justice pour avoir déclaré que « l’homosexualité est une abomination », alors que « c’est une phrase extraite de la Bible », précise-t-elle.
Mais comme la vérité d’une femme politique n’est jamais simple. Mme Boutin a aussi défendu le logement social, en tant que ministre du logement et de la ville de Nicolas Sarkozy, s’est intéressée à la cause des prisonniers en France et a pris le parti du revenu universel, bien avant que cela ne devienne la proposition centrale de Benoît Hamon.
Son dernier fait d’arme remonte au mois d’avril. La présidente d’honneur du Parti chrétien démocrate avait alors appelé au « vote révolutionnaire » contre Emmanuel Macron, entre les deux tours de l’élection présidentielle, sans toutefois en dire plus sur ses intentions.
« La technique de Jacques Chirac en 1981 »
Lundi soir, dans l’émission de David Pujadas, Christine Boutin a expliqué qu’elle avait « utilisé la technique de Jacques Chirac en 1981 pour affaiblir Valéry Giscard d’Estaing et même le faire battre ». Car pour elle, Emmanuel Macron s’apparente quasiment au diable : « c’est le fric, la mondialisation, ce n’est pas l’identité de la France ». Avant d’affirmer qu’elle est « une anti-Macron primaire ».
Mais lundi matin, « Dans l’heure des pros », sur Cnews, Christine Boutin a été encore plus explicite. À la question de Pascal Praud de savoir si elle avait voté pour Marine Le Pen, la jeune retraitée de la politique a reconnu : « Oui, j’ai voté avec hésitation [pour Marine Le Pen] parce qu’après le débat, cela a été tellement mauvais que franchement je me suis même posé la question ». Voici un aveu, qui vu la circonvolution de la phrase, n’a pas été simple à prononcer.
Cet aveu a aussi provoqué la gène manifeste des autres convives sur le plateau, dont Jacques Séguéla. « Moi, je suis un fan de Christine Boutin depuis toujours. Je ne partage aucune de ses idées, mais j’aime la femme », avait déclaré l’ex-publicitaire de François Mitterrand.
Sur son compte twitter, après l’émission Mme Boutin a salué « un grand soutien d’un homme libre #Seguela, merci et bravo ».