C’est une photo pour le moins surprenante qu’a partagée le président américain mercredi 31 mai sur Twitter : Donald Trump, tout sourire dans le bureau ovale, aux côtés de Kim Kardashian West. La vedette de télé-réalité américaine a en effet été reçue à la Maison Blanche pour un sujet qui n’avait rien de léger : la réforme carcérale en cours.

« Super rencontre avec Kim Kardashian aujourd’hui, nous avons parlé réforme carcérale et condamnations. »

La femme d’affaires avait fait le déplacement à Washington pour porter devant l’administration Trump le cas d’Alice Marie Johnson, une femme de 63 ans, emprisonnée depuis plus de vingt ans pour possession de cocaïne et blanchiment d’argent. C’est après avoir visionné une vidéo devenue virale aux Etats-Unis que Kim Kardashian West a voulu militer pour la libération de cette sexagénaire.

Condamnée à l’emprisonnement à vie en 1996 pour un délit non violent lié au trafic de drogue, elle ne peut pas bénéficier d’une liberté conditionnelle et seule un geste présidentiel pourrait lui permettre de sortir de prison.

Efforts balbutiants de réforme

Selon l’avocate de la détenue, Brittany K. Barnett, Mme Kardashian West et son avocat, Shawn Chapman Holley, devaient initialement être reçus par des responsables américains à la Maison Blanche, dont Jared Kushner, gendre et haut conseiller du président. Donald Trump aurait décidé de se joindre au groupe au dernier moment.

Comme le souligne le New York Times, Jared Kushner mène les efforts – balbutiants – de l’administration pour réformer le système de justice pénale et aider à réduire la récidive « en offrant plus de perspectives aux détenus, notamment grâce à des formations professionnelles, des centres de réinsertion et des libérations anticipées ». Mais sa ligne se heurte à celle, beaucoup plus dure, du ministre de la justice, Jeff Sessions.

L’administration de l’ancien président Barack Obama avait tenté de modifier des lois rigides sur ce type de condamnations, mais n’avait pas réussi à obtenir le soutien du Congrès. Le démocrate avait ainsi procédé à 1 715 commutations présidentielles durant son mandat, soit davantage que l’ensemble de ses prédécesseurs à la Maison Blanche. Ces commutations, pour l’essentiel, concernaient de simples dealers de stupéfiants ayant été condamnés à de lourdes sentences – en vertu d’un système pénal très répressif – et étant censés ne plus présenter de dangerosité.

Jeux de mots sexistes

La rencontre entre Mme Kardashian West et Donald Trump a également été l’occasion pour certains tabloïds américains de ressortir leur panoplie de jeux de mots. Le New York Post, peu connu pour la finesse de ses « unes », titre ainsi « Trump meets Rump », rime faisant référence à « la croupe » de la célébrité aux 111 millions d’abonnés sur Instagram. Pire, dans son surtitre, le quotidien pro-Trump rebaptise la star en « Kim Thong Un », clin d’œil clairement sexiste (thong en anglais signifie string) et à l’éventuelle rencontre à venir entre le président américain et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

Les discussions chaotiques entre Corée du Nord et Etats-Unis ont également inspiré le titre du Daily News : « La seule Kim qu’il pouvait avoir ».

En sortant de sa réunion avec le président, Kim Kardashian West s’est en tout cas dite « optimiste quant au futur de Mme Johnson, espérant qu’elle – et tant d’autres dans son cas – aurait une seconde chance dans la vie ».

Le New York Times note d’ailleurs qu’« elle est l’une des rares grandes célébrités à accepter de casser le front anti-Trump à Hollywood en interagissant avec l’administration Trump ». Kanye West, son mari, n’avait pas caché être un grand fan du nouveau président américain, affichant ses casquettes « Make America great again », ou utilisant son compte Twitter pour crier son amour envers celui qu’il qualifie de « frère ».

Donald Trump n’a, pour sa part, pas toujours été aussi bienveillant envers la star américaine, dont il n’hésitait pas à commenter le derrière ou la façon de s’habiller, qu’il jugeait inadaptée lors de sa grossesse, en 2013, comme se plaît à rappeler le Daily Beast.