Kurdistan irakien : Barzani renonce à être président après le 1er novembre
Kurdistan irakien : Barzani renonce à être président après le 1er novembre
Le Monde.fr avec AFP
Le président du Kurdistan irakien a adressé dimanche une lettre au Parlement de la région autonome, un mois après le référendum d’indépendance.
Le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a annoncé dimanche 29 octobre dans une lettre adressée au Parlement de la région autonome qu’il ne sera plus président « après le 1er novembre », sur fond de crise sans précédent entre Erbil et Bagdad. « Après le 1er novembre, je n’exercerai plus mes fonctions et je refuse que mon mandat soit prolongé », affirme-t-il dans cette missive, dont l’Agence France-Presse a obtenu une copie.
« Changer la loi sur la présidence du Kurdistan ou prolonger le mandat présidentiel n’est pas acceptable », poursuit le dirigeant, grand architecte du récent référendum d’indépendance, qui a débouché sur la perte par les Kurdes de la quasi-totalité des territoires qu’ils revendiquaient en dehors de leur région autonome.
« Je demande au Parlement de se réunir pour combler la vacance du pouvoir, remplir la mission et assumer les pouvoirs de la présidence du Kurdistan », poursuit le fondateur de cette région autonome mais aussi le responsable de sa plus grave crise.
Session émaillée de tensions
A 71 ans, le leader kurde toujours revêtu de l’habit kaki des peshmergas (combattants kurdes), affirme encore qu’il va « rester un peshmerga dans les rangs du peuple du Kurdistan et je continuerai à défendre les acquis du peuple du Kurdistan ».
Cette lettre a été communiquée au Parlement kurde réuni dimanche après-midi à Erbil pour décider de la répartition provisoire de ses pouvoirs d’ici l’élection présidentielle, dont la date n’est pas encore fixée. Plusieurs fois repoussée, la session s’est ouverte à huis clos et a été émaillée de tensions.
L’opposition, notamment le parti Goran qui plaide pour la démission de M. Barzani et un « gouvernement de salut national », s’oppose à la répartition des pouvoirs proposée par les grands partis kurdes, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de M. Barzani et son rival de l’Union patriotique kurde (UPK), ont indiqué des députés.
Mandat prolongé de deux ans
Le mandat de M. Barzani, premier président élu de la région autonome, avait expiré en 2013. Il avait été prolongé de deux ans par le Parlement puis s’était poursuivi sans élection ni décision formelle face au chaos engendré par l’offensive de l’organisation Etat islamique (EI) en Irak.
Le Parlement kurde a récemment gelé les prérogatives de M. Barzani à la suite des conséquences désastreuses du référendum d’indépendance qu’il a initié. Cette consultation, où le « oui » l’a largement emporté, a créé une crise sans précédent entre Bagdad et Erbil.
Bagdad a envoyé ses troupes reprendre le contrôle de toutes les zones situées hors de la région autonome où les Kurdes avaient étendu leur emprise depuis 2003, dont la riche province pétrolière de Kirkouk qui aurait pu assurer la viabilité économique d’un hypothétique Etat kurde.
Erbil n’a en outre pas obtenu le soutien international qu’il espérait concernant le référendum sur l’indépendance.