La Conserverie Godinec, à Concarneau (Finistère), en 2013. / FRED TANNEAU / AFP

Pas de pénurie de conserves de thon ou de sardines dans les rayons de supermarché. Mais tout le monde sait que les bancs de poissons, eux, ne cessent de se clairsemer dans toutes les eaux du monde. Cette raréfaction et la mise en place de quotas conduisent à des volumes de prises limités et à la flambée des cours. De quoi inquiéter les fabricants de conserves.

« Nous avions déjà tiré la sonnette d’alarme en 2016. Depuis un an et demi, l’inflation sur les cours de nos matières premières, le thon, les sardines ou les maquereaux, ne s’est pas démentie », affirme Amaury Dutreil, directeur général de Petit Navire, filiale du groupe thaïlandais Thaï Union. Il précise : « Le prix du thon est jusqu’à deux fois plus élevé aujourd’hui qu’au début de 2016. Le thon albacore, le plus consommé en France, se négocie à un niveau historique à 2 600 euros la tonne, contre 1 600 euros, fin 2015. Et le listao, pêché dans l’océan Indien, à 2 000 euros la tonne, contre 1 000 euros il y a deux ans. »

Restrictions

Selon lui, les quotas mis en place pour protéger la ressource ont réduit les prises de thon albacore de 15 % en 2017. Il en va de même pour les sardines. Au Portugal, le quota était de 11 500 tonnes en 2016, en baisse de près de 10 % par rapport à 2015. Et si elles sont relativement présentes dans le golfe de Gascogne, elles se déplacent au large, hors de portée de la pêche côtière, ou sont de petits calibres. Ce qui a entraîné une progression du cours moyen des sardines de 18 % en 2017. Les maquereaux, eux, font aussi l’objet de mesures de restriction de pêche, alors que les appétits internationaux se développent.

Dans ce contexte, les fabricants de conserves de poisson espèrent obtenir des hausses de tarif de la grande distribution. Sachant que ce rayon, dont les ventes sont quasi stables cette année, pèse près de 850 millions d’euros en France. Cette prise de position intervient alors que les négociations commerciales entre les industriels et les grandes enseignes, pour fixer les prix des produits, commencent. « Nous avions demandé 15 % d’augmentation en 2016, nous avions obtenu quelques pourcents de plus. Nous demandons de nouveau 15 % de hausse de tarif », explique M. Dutreil.

Les fabricants espèrent convaincre la grande distribution, en mettant dans la balance les efforts faits par la filière pour tenter d’améliorer les pratiques de pêche, en étant plus soucieux de la préservation des espèces, qui est une attente des consommateurs. La certification MSC, qui se revendique être un garant de la « pêche durable », fait son apparition sur certaines boîtes de conserve.