Gian Piero Ventura et Gianluigi Buffon lors de la conférence de presse précédant le match face à la Suède, vendredi 9 novembre. / KAI PFAFFENBACH / REUTERS

Il y a 20 ans, en octobre 1997, l’Italie jouait à Moscou un barrage aller de qualification pour le Mondial 1998 sous une tempête de neige et sur un terrain défoncé. Pagliuca s’était blessé et le sélectionneur Cesare Maldini s’était tourné vers un tout jeune gardien de 19 ans. « Tu te sens d’y aller ? ».

Gianluigi Buffon n’avait pas le choix : il n’y avait pas d’autre gardien disponible. Buffon avait pris un coup de boule de Costacurta dans la poitrine en guise de bravo pour son premier arrêt et largement contribué au match nul 1-1 ramené par les Italiens, qualifiés au retour.

Vingt ans et 172 sélections plus tard, Buffon retrouve les barrages. Il y a une boucle à boucler, et le gardien de l’équipe d’Italie ambitionne de retrouver Moscou le 15 juillet, jour de la finale de la Coupe du Monde.

Il faudra en passer par le froid de Solna et surmonter les difficultés actuelles d’une Nazionale au projet introuvable.

Les difficultés de « Mister Libido »

« Ne pas aller au Mondial, ce serait l’apocalypse ? OUI ! » La Gazzetta dello Sport donne une idée de l’angoisse qui accompagne le football italien avant son barrage face à la Suède.

Quand il avait pris ses fonctions après l’Euro-2016, Gian Piero Ventura avait expliqué vouloir faire de la sélection italienne une équipe « excitante ». Quinze mois plus tard, la Nazionale qui se présentera vendredi à Solna pour le barrage aller a au contraire perdu toute son assurance au fil de quatre dernières prestations glaçantes face à l’Espagne (défaite 3-0), Israël (victoire 1-0), la Macédoine (1-1) et la Bulgarie (succès 1-0).

L’Italie joue mal, sans enthousiasme ni certitude, et « Mister Libido », comme on surnomme Ventura, a souvent paru dépassé par les événements et par un rigorisme tactique qui le pousse à préférer « son » système, le 4-2-4, aux qualités de ses joueurs les plus brillants.

Vendredi, il pourrait provisoirement renoncer à ce 4-2-4 bancal pour revenir à son deuxième amour, le 3-5-2. Verratti s’y sentira mieux, mais pas Insigne, le joueur offensif le plus talentueux d’Italie, qui devrait d’ailleurs rester sur le banc.

« Ben, on n’a plus Ibra »

En face, la Suède, 4-4-2 d’école et goût du duel, se pose moins de questions. « Ils font toujours la même chose, mais ils le font bien », a résumé le capitaine italien Gianluigi Buffon. Le plus gros défaut des Suédois, selon le défenseur Filip Helander: « Ben, on n’a plus Ibra ».

L’Italie n’a pas Zlatan Ibrahimovic non plus, mais elle a Bonucci, Verratti, Insigne, Belotti et suffisamment de talent a priori pour ne pas craindre plus que ça ce barrage à quitte ou double.

Sauf que Bonucci, encore l’un des meilleurs défenseurs d’Europe il y a six mois, n’a pas digéré son transfert à l’AC Milan et n’est plus que l’ombre de lui-même, que Verratti n’a toujours pas pris les clés de la Nazionale qui lui sont promises depuis des années, que Belotti, qui revient à peine de blessure, est loin de sa meilleure forme et qu’Insigne ne devrait donc pas jouer.

Dernière tuile en date, Zaza, en réussite avec Valence (neuf buts en 11 matches) s’est blessé vendredi et ne pourra sans doute pas accompagner Immobile au sein du duo d’attaque.

Du coup, même l’opération rajeunissement qui était jusqu’à présent le grand succès de Ventura va se faire oublier quelque temps et les nouveaux vont laisser la place aux grognards : Chiellini (33 ans), Barzagli (36 ans), Parolo (32 ans), Eder (30 ans) ou De Rossi (34 ans). La question de la présence dans les buts de Buffon, 39 ans, ne se pose même pas.