Une start-up française à la conquête du marché américain des smart cities
Une start-up française à la conquête du marché américain des smart cities
Par Claire Legros
Spécialisée dans la transformation des données numériques urbaines, la start-up française Opendatasoft propose à 500 villes américaines un portail de données clé en main, disponible sur la plateforme Amazon.
Cela ressemble à une fable moderne, celle de la start-up française qui s’attaque à l’ambitieux marché américain de la smart city. L’entreprise parisienne OpenDataSoft, spécialisée dans la transformation des données numériques, notamment pour les collectivités locales, vient de lancer une campagne d’envergure auprès de 500 villes américaines réparties sur le territoire des Etats-Unis.
L’opération ne manque pas d’audace. A chacune des 500 municipalités, l’entreprise propose un portail Web unique qui recense l’ensemble des données numériques anonymisées concernant la ville, disponibles en open data sur des sites nationaux. On y trouve des jeux de données démographiques, comme le nombre d’habitants, l’âge moyen ou le nombre d’enfants par famille, mais aussi des informations relatives à la qualité de l’air, la localisation des écoles ou le prix moyen de vente des logements.
« Contrairement à la France, les données urbaines ne sont pas centralisées au niveau des collectivités aux Etats-Unis, même pour les transports », explique Jean-Marc Lazard cofondateur et PDG d’Opendatasoft, qui a mené une levée de fonds de 5 millions d’euros en 2016 pour développer sa start-up à l’international. L’équipe de data scientists (« scientifiques des données ») est allée chercher les informations là où elles étaient, notamment sur les sites des départements d’Etat, avant de les aspirer et de les organiser au niveau local.
Simplifier les échanges de données
Chaque portail présente une vitrine des activités de la ville. Mais ce n’est pas le principal objectif. Isolées, ces données n’ont guère de valeur. Seule la capacité de les agréger entraîne la création de nouveaux services et applications. C’est ce que veut démontrer la start-up qui propose aux communes de souscrire un abonnement à la plate-forme et d’y ajouter leurs propres données municipales. L’outil facilite ensuite les échanges de données, au sein de la collectivité ou entre acteurs publics et privés, grâce à des API, des interfaces de partage.
L’initiative met en lumière les enjeux de la smart city dans les villes de taille modeste. Alors que les métropoles ont souvent les moyens de développer leurs propres outils numériques, les municipalités plus petites peinent à suivre. OpenDataSoft cible le marché des communes moyennes, « entre 60 000 et 130 000 habitants ». Le coût de l’abonnement augmente en fonction de la taille de la ville.
Données relatives aux crimes et délits
Pour percer sur le marché américain, la start-up a choisi de passer par Amazon, quitte à céder une part de ses bénéfices. Le grand groupe de l’e-commerce héberge déjà des données de collectivités publiques américaines.
Reste à savoir si l’audace va payer. Alors qu’en France la loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique oblige les services publics à ouvrir l’accès à leurs données dans un format adapté, rien n’impose aux collectivités américaines d’en faire autant. « Aux Etats-Unis, l’open data s’inscrit plutôt dans une culture de l’évaluation, une logique de la performance, pour rendre des comptes à l’usager sur les services publics », analyse Jean-Marc Lazard. Il est ainsi fréquent de trouver sur les portails municipaux d’open data des données relatives aux crimes et délits, très prisées des agents immobiliers pour évaluer les prix des logements. C’est le cas à Durham (Caroline du Nord) qui utilise l’outil français.
OpenDataSoft mise aussi sur la demande croissante de transparence des administrés vis-à-vis des politiques publiques. Les portails affichent ainsi en bonne place les données relatives aux budgets des municipalités.
Comprendre comment le big data change les villes en chiffres
Durée : 02:54