Le retour des emplois francs, un dispositif lancé par Hollande… et abandonné
Le retour des emplois francs, un dispositif lancé par Hollande… et abandonné
Lors d’un discours à Tourcoing mardi, Emmanuel Macron a annoncé le retour du dispositif à destination des habitants des quartiers populaires dès le 1er janvier 2018.
Le président de la République, Emmanuel Macron, le 14 novembre à Tourcoing. / FRANCOIS LO PRESTI / AFP
Après Clichy-sous-Bois et Roubaix lundi, le président de la République, Emmanuel Macron, était à Tourcoing mardi 14 novembre, pour évoquer la question des quartiers populaires. Au cours d’un discours à la mi-journée, le chef de l’Etat a avancé ses propositions concernant la politique de la ville.
Il a notamment annoncé le retour des emplois francs dans une dizaine de territoires dès le 1er janvier 2018. Ce dispositif de lutte contre le chômage était une promesse de campagne du candidat Macron. Il vise à verser une prime à des entreprises si elles embauchent des habitants issus des quartiers définis comme « prioritaires ».
Les emplois francs ont toutefois déjà été testés durant le quinquennat de François Hollande, avant d’être abandonnés rapidement faute de résultat probant.
Qu’est-ce qu’un emploi franc ?
En se rendant dans les quartiers populaires lundi et mardi, M. Macron a souhaité mettre l’accent sur le fort taux de chômage dans les zones « prioritaires » : 1 514 quartiers où habitent cinq millions de personnes et où le chômage est 2,5 fois plus élevé que la moyenne nationale.
Avec les emplois francs, le président de la République souhaite lutter contre les discriminations dont sont victimes les habitants de ces quartiers en promouvant une mesure de « discrimination positive » pour endiguer le chômage.
Le site du gouvernement résume :
« L’objectif de ce dispositif est de répondre aux discriminations territoriales que subissent certains de nos concitoyens en raison de leur lieu d’habitation : à diplôme, âge et parcours équivalents, il est plus difficile d’accéder à un emploi lorsque l’on habite certains quartiers difficiles. »
Concrètement, avec cette mesure, des entreprises reçoivent une prime de l’Etat si elles embauchent des habitants de ces quartiers.
Un dispositif déjà testé sous François Hollande
C’était l’une des réponses de François Hollande pour inverser la courbe du chômage. Lancé en juillet 2013, ce dispositif consistait en une aide de 5 000 euros pour les entreprises embauchant en CDI à temps plein un jeune de moins de 30 ans, en recherche d’emploi depuis au moins un an et résidant dans une zone urbaine sensible depuis au moins six mois. Le premier contrat est signé à Marseille le 10 juillet 2013 en présence du ministre de la ville, François Lamy.
L’objectif du gouvernement Ayrault est alors de signer 5 000 contrats en 2013 et 10 000 en trois ans. « C’est une mesure anti-discrimination, pour que ces jeunes qui viennent de zones regardées parfois comme posant des problèmes puissent avoir une chance », expliquait à l’époque François Hollande.
Mais cette mesure se révéla un échec. Seulement 250 contrats ont finalement été signés, en raison notamment de critères trop rigides. Cette expérimentation, « qui n’a pas prouvé son utilité », selon le ministre de la ville, Patrick Kanner, avait été enterrée dans le budget 2015, présenté en octobre 2014. Ce qui représenta alors une économie de 11 millions d’euros.
Que propose Emmanuel Macron ?
Malgré l’échec du dispositif sous François Hollande, Emmanuel Macron souhaite retenter l’expérience dès le 1er janvier 2018 dans une dizaine de territoires. Pour le chef de l’Etat, l’échec de la dernière expérimentation a une explication : il y avait trop de contraintes.
« Ça a été plusieurs fois tenté et ça a échoué parce qu’on a mis trop de règles, trop de contraintes, trop de critères qui étaient inatteignables. Peu de gens étaient éligibles aux critères. »
M. Macron a ainsi affirmé que, cette fois-ci, « les critères seront clairs pour tout le monde ». Le dispositif sera accessible pour tous les demandeurs d’emploi, sans critère d’âge. Toute entreprise embauchant un habitant issu des quartiers définis comme « prioritaires » bénéficiera d’une prime de 15 000 euros étalée sur trois ans pour un CDI et de 5 000 euros sur deux ans pour un CDD de plus de six mois.
« Les règles sont claires, simples et ne seront pas complexifiées », a-t-il poursuivi. M. Macron a précisé que cette expérimentation se fera dans certains quartiers en Ile-de-France, à Marseille, à Angers ou encore à Roubaix.