Afin de « changer sa routine », Romain Bardet devrait opter pour un programme sensiblement différent à celui de ses années passées avant d’aborder le Tour de France. / BERNARD PAPON / AFP

Avant de retourner briguer le maillot jaune sur les routes de France en juillet 2018, Romain Bardet ira mordre la poussière en Italie. C’est la principale nouveauté du programme du coureur d’AG2R, respectivement deuxième et troisième du Tour en 2016 et 2017 : sa participation à la classique italienne des Strade Bianche, courue sur des chemins en terre au mois de mars.

« C’est une course qui me fait rêver. L’équipe sait que je suis impatient de faire mes classiques, ils ont un peu lâché là-dessus en me permettant d’assouvir mon instinct primaire, qui est de me frotter à des coureurs de classiques tout en minimisant la prise de risques. C’est un bon compromis », a-t-il expliqué au Monde en marge d’un stage de présaison dans l’Oisans (Isère).

Parce qu’il pense au Tour, rien qu’au Tour, Romain Bardet n’a pas choisi son année par hasard pour découvrir cette course autour de Sienne, qui s’est déjà fait une place de choix en dix ans de présence au calendrier. Il s’exercera en Toscane sur des chemins étroits, poussiéreux et cabossés qui ressemblent à ce que le peloton du Tour affrontera lors de la 9e étape du Tour, qui empruntera des pavés sur 21,7 kilomètres entre Arras et Roubaix.

« Ce sera l’étape la plus dure du Tour, assure son entraîneur, Jean-Baptiste Quiclet. Or la Strade Bianche se rapproche d’une course sur pavés. On y voit des mouvements de peloton qu’on ne retrouve que là et à Paris-Roubaix. »

L’hypothèse de courir l’Enfer du Nord, qu’il a un temps caressée, a été écartée : la raison l’a emporté sur le panache qui aurait, ici, confiné à la bêtise tant la présence de Bardet aurait pu constituer un poids pour une équipe ayant fait de Paris-Roubaix un objectif et un risque pour sa propre saison.

« J’adorerais le faire mais très honnêtement, ça semble très compliqué au regard des risques courus pour la suite de ma saison, dit l’Auvergnat. J’aimerais la courir un jour mais je suis conscient de mes qualités sur un vélo, qui sont sur les courses par étapes, et je ne veux pas mettre en péril le collectif. »

Les Mondiaux comme objectif de fin de saison

La présence du Français sur les Strade Bianche, le 3 mars, complique l’hypothèse d’une participation à Paris-Nice, course qu’il a toujours disputée mais qui débute le lendemain. Une présence à Tirreno-Adriatico (7-13 mars), épreuve italienne qu’il n’a jamais courue, est plus probable, mais Romain Bardet et son entraîneur attendent de connaître les parcours des des deux courses avant de trancher.

Rester en Italie, pays où il aime courir, lui permettrait de « changer [s] a routine » et de disputer, s’il est au programme, un contre-la-montre par équipes. Cette épreuve, qui nécessite une préparation spécifique, sera selon lui « un point clé du Tour, celle où [il peut] potentiellement perdre le plus de temps ». Elle interviendra dès le troisième jour de la Grande boucle.

La suite du programme sera, sauf contretemps, conforme aux habitudes de Romain Bardet avec des participations envisagées au Tour du Pays basque, à Liège-Bastogne-Liège et au Critérium du Dauphiné avant le Tour. Il souhaite consacrer sa fin de saison à la préparation des championnats du monde, pour une fois promis aux grimpeurs, et ne pense pas, pour cela, passer par le Tour d’Espagne.

Mais, vu de Vaujany, où les coureurs d’AG2R ont alterné réunions, longueurs de piscine et assauts d’escrime, les Mondiaux de Salzbourg semblent encore très loin. Sa saison commencera dans trois mois, au Tour d’Andalousie ou au Tour d’Oman.