A Paris, des crèches installées sur des sols pollués
A Paris, des crèches installées sur des sols pollués
Par Stéphane Mandard
Les sols d’une trentaine de crèches parisiennes, situées sur d’anciens sites industriels pollués au plomb, au mercure, au benzène ou au trichloroéthylène, posent problème.
« Ne plus consommer les framboises », « Arrêter la production et la consommation de produits du potager », « Restreindre les accès aux zones de sols à nu et de sols enherbés avec des clôtures et/ou barrières », « Recouvrir les sols végétalisés par un matériau synthétique ou remplacer les terres en place (sur 30 centimètres) par des terres d’apport dont la qualité sera contrôlée avec mise en place d’un grillage avertisseur »… Des injonctions sanitaires dans une zone touchée par un accident nucléaire ? Non, des recommandations pour des crèches parisiennes situées sur d’anciens sites industriels polluées au plomb, au mercure, au benzène ou au trichloroéthylène, le solvant chloré retrouvé dans le collège Saint-Exupéry à Vincennes.
Sur 40 crèches diagnostiquées par le Bureau de recherches géologiques et minières, les sols de 30 établissements posent problème : 21 établissements sont classés en catégorie B – « Les aménagements et les usages actuels permettent de protéger les personnes des expositions aux pollutions » – et 9 en catégorie C – « La présence de pollutions nécessite la mise en œuvre de mesures techniques de gestion, voire de mesures sanitaires. » Ces diagnostics ont été effectués dans le cadre d’un plan national lancé en 2013 afin d’identifier les « établissements sensibles » (de la crèche au lycée) construits sur ou en contiguïté d’anciens sites industriels (fonderie, imprimerie, garage, pressing).
« Aucun danger »
Ces diagnostics sont restés confidentiels. Après les avoir méthodiquement collectés et renseignés, l’association Robin des bois a décidé de les publier, jeudi 16 novembre, sur son site et d’en livrer la primeur au Monde. Aucun arrondissement de la capitale n’est épargné. « Notre but est que tous les parents soient informés et comprennent les transferts de pollution », explique Jacky Bonnemains, le porte-parole de l’ONG, qui révèle également qu’au niveau de l’Ile-de-France, où les diagnostics ont été étendus jusqu’au lycée, sur 171 établissements passés au crible, 71 sont classés B et 5 C.
A la direction familles et petite enfance de la Mairie de Paris, on se veut rassurant. « Nous avons mis en place un comité de pilotage avec la préfecture de police et les situations sont sous contrôle, précise Philippe Hansebout. Les expertises que nous avons menées avec l’Agence régionale de santé ont montré qu’il n’y avait aucun danger pour la santé des enfants ou des personnels. » Et de prendre pour exemple la gestion du cas de la crèche Malte-Brun, dans le 20e, classée en catégorie B pour des teneurs anormales en plomb et mercure : « Nous avons fermé les pièces concernées et menons des investigations pour identifier les sources de pollution. »