Après un tweet controversé, le PS lance une procédure d’exclusion contre Gérard Filoche
Après un tweet controversé, le PS lance une procédure d’exclusion contre Gérard Filoche
Par Enora Ollivier, Bastien Bonnefous
Le membre du bureau national du Parti Socialiste a publié un montage photo vendredi soir avant de le supprimer.
Le membre du Parti socialiste Gérard Filoche, le 20 juin 2017 à Paris. (Alain Jocard / AFP) / ALAIN JOCARD / AFP
Le Tweet de trop pour Gérard Filoche ? Rachid Temal, le patron du Parti socialiste par intérim, a indiqué vendredi 17 novembre, dans la soirée, qu’il allait saisir la commission des conflits du parti pour engager « une procédure d’exclusion » contre l’ancien inspecteur du travail, membre du Bureau national du PS. En cause, un montage photographique que M. Filoche, 71 ans, avait mis en ligne sur son compte Twitter peu de temps avant.
Sur ce montage, on voit Emmanuel Macron au-dessus d’une image de la Terre, les bras en croix semblant dominer le monde, et portant un brassard nazi où la croix gammée a été remplacée par le symbole du dollar. Derrière le président de la République, apparaissent les visages du chef d’entreprise Patrick Drahi, du banquier et lord britannique Jacob Rothschild et de l’économiste et écrivain Jacques Attali. Et également les drapeaux américain et israélien. Slogan de la photo : « En Marche vers le chaos mondial. » Et commentaire de M. Filoche l’accompagnant : « Un sale type, les Français vont le savoir tous ensemble bientôt », à propos d’Emmanuel Macron.
Un cliché issu du site « Egalité et Réconciliation »
Cette mise en scène photographique reprend de nombreux codes complotistes et antisémites. Selon les informations du Monde, le cliché est issu du site « Egalité et Réconciliation » de l’idéologue Alain Soral, condamné à plusieurs reprises pour « injures raciales ou antisémites ». Un photomontage pour lequel M. Soral a été convoqué récemment devant le tribunal de grande instance de Paris.
M. Filoche a très vite retiré son Tweet. Samedi matin, il a expliqué sur Twitter : « A priori l’image Macron + argent est totalement banale. Il y en a 100 comme ça. A l’examen ce montage et sa source sont bad. Dès que j’ai su je l’ai retiré aussitôt. Tout à fait désolé ! » Il a également fustigé « une cabale en meute » lancée contre lui sur les réseaux sociaux.
Contacté par Le Monde, Gérard Filoche se défend de connaître la source de cette image. « Je ne savais pas quelle etait sa source, sinon je ne l’aurais pas laissé. Qu’est-ce que les malveillants veulent de plus ? Retrait pour erreur et excuses, ça ne leur suffit pas ? ». « Le reste est cabale en meute des macroniens et de quelques-uns dont des socialistes droitiers de mauvaise foi qui cherchent a me nuire pour autre chose », assure-t-il.
« Enfin, pour ce qui est, non pas du montage incriminé, mais de Macron, rien a enlever à celui qui nous insulte depuis trois mois. Il est le pire président de notre histoire à casser 100 ans de droits du travail ainsi que notre modele social », a également déclaré le membre du bureau national du PS.
« Une honte absolue », selon la Licra
La Licra a dénoncé un Tweet « d’une honte absolue relayant des contenus complotistes trempés dans l’obsession des juifs ». Candidat à la tête du PS, Luc Carvounas a lui aussi demandé son « exclusion ». « Le PS ne peut être associé à des injures au président de la République et donc à la France », a écrit le député du Val-de-Marne.
Une image « totalement abjecte » qui « pose un grave problème d’appartenance au PS », a déclaré François Kalfon, membre de la direction collégiale du PS, sur Franceinfo. « Je souhaite qu’il puisse s’en expliquer devant nos instances ».
Olivier Véran, ancien socialiste désormais député de La République en marche de l’Isère, a également réagi : « Trop longtemps, trop de fois auront été tolérés les dérapages de Filoche. Je me suis souvent demandé comment il avait pu rester membre du bureau national d’un parti comme le PS. Gageons que son immonde Tweet marque la fin de sa triste “carrière” ».
Faute de parrainages suffisants, M. Filoche avait échoué à se présenter à la primaire à gauche en janvier. En juillet 2016, des élus socialistes avaient déjà demandé son exclusion après un autre de ses Tweet dans lequel il avait qualifié le PDG de Total, Christophe de Margerie, qui venait de mourir dans un accident d’avion, de « suceur de sang ».