L’essentiel

  • L’Allemagne est confrontée à une profonde crise politique. Pour la première fois depuis la fondation de la République fédérale d’Allemagne, en 1949, le pays n’a pas de majorité pour être gouverné.
  • Plus d’un mois après les élections législatives, Angela Merkel a acté, dimanche 19 novembre, son échec à trouver un accord entre les conservateurs de la CSU bavaroise, les libéraux du FDP et les Verts pour former un nouveau gouvernement.
  • Lundi à la mi-journée, le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a annoncé qu’il allait consulter les dirigeants des partis politiques dans les prochains jours et a écarté la tenue de nouvelles élections.

De nombreux sujets de désaccord

Malgré sa réputation de négociatrice, la chancelière conservatrice, Angela Merkel, qui entame un quatrième mandat, n’est pas parvenue à trouver un accord avec les libéraux du FDP et les Verts.

Les représentants de ces partis n’ont réussi à s’accorder que sur peu de choses en un mois de négociations : conserver un budget équilibré ; moderniser les infrastructures internet ; accroître les prestations familiales. Mais les trois partis ne sont pas parvenus à s’entendre sur quatre grands sujets : l’asile et l’intégration ; la transition énergétique ; la question européenne ; l’éducation.

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Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, le 20 novembre, à Berlin. / AXEL SCHMIDT / REUTERS

Au lendemain de l’annonce de l’échec des négociations, le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a appelé les partis politiques à reprendre les négociations, au cours d’une courte allocution lundi : « J’attends de tous [les partis] qu’ils soient disponibles pour le dialogue, afin de rendre possible, dans un délai raisonnable, la formation d’un gouvernement. »

Le chef de l’Etat, dont l’une des compétences est d’enclencher la procédure pouvant aller jusqu’à une dissolution de la Chambre des députés, refuse pour le moment d’en faire usage. Il souhaite que Mme Merkel tente de trouver un accord de coalition avant de convoquer de nouvelles élections.

Et maintenant ?

Lundi en fin d’après-midi, la chancelière, Angela Merkel, a affirmé être « très sceptique » quand à la formation d’un gouvernement minoritaire. Des élections anticipées seraient « une voie préférable », a-t-elle dit sur la chaîne ARD, annonçant, dans la foulée, qu’elle était prête à être de nouveau candidate si un scrutin était organisé.

Il apparaît en effet compliqué pour elle de trouver une alternative à la coalition « jamaïcaine » – d’après les couleurs des trois partis, noir, jaune et vert. La chancelière allemande, qui était arrivée en tête des élections, avec 33 % des voix, a toujours exclu de s’allier avec Die Linke (gauche radicale) ou avec l’Alternative pour l’Allemagne (extrême droite).

Restent les sociaux-démocrates, avec lesquels elle a déjà gouverné à deux reprises (2005-2009 et 2013-2017). Mais le SPD a de nouveau affirmé lundi qu’il ne comptait pas participer à une nouvelle coalition gouvernementale avec les conservateurs de la CDU.