Pierre Moscovici, commissaire européen, plaide pour une ouverture du dispositif Erasmus aux jeunes défavorisés / YVES HERMAN / REUTERS

« Il faut casser cette image de l’Auberge espagnole (en référence au film de Cédric Klapisch sur le sujet), avec des élites qui font la fête. Nous voulons aller vers un Erasmus pour tous », a déclaré Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques, lors de la conférence internationale Erasmus +, vendredi 17 novembre à Paris. L’objectif affiché est de rendre le programme « plus efficace », « mieux ciblé », et de le rendre « plus accessible » à certains publics, à l’occasion du prochain programme, qui concerne la période 2021-2027. Le commissaire a notamment souhaité l’ouvrir à plus d’élèves de l’enseignement scolaire, aux apprentis, mais aussi « aux migrants ou aux personnes handicapées ».

Dès 2018, le montant des bourses individuelles va augmenter, de même que le budget destiné aux échanges scolaires de la maternelle au lycée, et une offre de stage hors Europe sera créée. « Nous pourrons toucher des publics qui hésitaient à participer au programme faute de financement personnel », a indiqué Laure Coudret-Laut, directrice de l’agence Erasmus + France. Concernant les étudiants, la hausse des bourses sera, selon le pays de destination, comprise entre 30 et 70 euros par mois.

Demandes supérieures aux capacités de financement

Créé le 15 juin 1987, le programme Erasmus permettait à l’origine aux seuls étudiants de partir suivre une année de cursus à l’étranger. Il n’a cessé de s’étendre, passant de 11 pays inscrits au départ à 33 pays participants. Désormais nommé Erasmus +, il concerne désormais des élèves du primaire et du secondaire, des lycées professionnels, demandeurs d’emplois, etc.

Parmi les jeunes Européens, les Français sont les plus nombreux à tenter l’expérience Erasmus. Selon les derniers chiffres, publiés par la Commission européenne en février, 39 985 étudiants de l’Hexagone sont partis en mobilité en 2014-2015, soit une augmentation de 55 % en cinq ans, et de 7 % en un an.

Le succès du programme dépasse actuellement les capacités budgétaires prévues. En 2017, s’il avait fallu accepter toutes les demandes en France, 49 millions d’euros supplémentaires auraient été nécessaires. « Il y a un risque que les financements ne soient pas à la hauteur des ambitions », a prévenu la députée européenne Pervenche Berès, qui plaide pour de nouveaux contributeurs au programme (collectivités, entreprises…).