Abdelhakim Dekhar, « le tireur de Libération » jugé pour tentatives d’assassinat et séquestration, a été condamné vendredi 24 novembre soir à 25 ans de réclusion criminelle, une peine assortie d’une période de sûreté des deux-tiers, par la cour d’assises de Paris. Cette condamnation, annoncée après neuf heures de délibéré, est conforme aux réquisitions du parquet qui avait estimé que M. Dekhar avait agi par « dépit social » et « rancœur » envers la société.

Son logeur, Sébastien Lemoine, a été condamné à six mois de prison avec sursis pour lui avoir fourni de l’argent et l’avoir hébergé. M. Lemoine était avec Abdelhakim Dekhar quand ce dernier avait jeté à la poubelle son fusil ; il l’avait dénoncé le 20 novembre 2013.

Jugé depuis une semaine, Abdelhakim Dekhar avait été qualifié d’« ennemi public numéro un » pendant cinq jours de traque, en novembre 2013 à Paris. Son périple armé avait démarré à BFMTV, puis Abdelhakim Dekhar avait grièvement blessé un assistant photographe à Libération, avant de tirer à la Société générale.

« Tuer par dépit social »

L’accusation avait estimé qu’il y avait bien eu une tentative d’homicide volontaire avec préméditation contre Philippe Antoine, alors rédacteur en chef à BFMTV, et contre César Sébastien, l’assistant photographe blessé à Libération. A BFMTV, il avait menacé M. Antoine avec un fusil à pompe. Il aurait alors dit « La prochaine fois, je ne vous raterai pas », avant de prendre la fuite. Trois jours après, il avait grièvement blessé par balle César Sébastien, alors âgé de 23 ans, dans le hall de Libération. Il a été touché par une balle dans le dos, qui a traversé son corps en passant à 2mm du cœur.

Il s’était ensuite rendu dans le quartier d’affaires de la Défense, où il avait tiré sur une porte d’entrée de l’immeuble de la Société générale, non loin de deux salariées. Il avait enfin pris un automobiliste en otage.

« Le principal mobile, c’est tuer par dépit social », avait dit l’avocat général Bernard Farret dans son réquisitoire. Il y a chez M. Dekhar « un ressentiment contre la société, l’Etat, le capitalisme », « un désir de vengeance ». « Il n’est pas dans le remord. Il est resté dans la revendication, la rancœur », avait mis en avant le magistrat.

Abdelhakim Dekhar, un homme de 52 ans, s’est plusieurs fois emporté en parlant politique pendant son procès, évoquant aussi bien la colonisation de l’Algérie que la crise de la sidérurgie dans l’est de la France, les banlieues etc. Dès le premier jour du procès, il a raconté son « désespoir » et expliqué avoir « voulu scénariser son suicide ». Il était « dans un projet de suicide par intermédiaire » : il voulait que « la police le tue ». Il souhaitait « une mort romantique ».