A Madagascar, l’épidémie de peste pulmonaire ne sévit plus dans les zones urbaines
A Madagascar, l’épidémie de peste pulmonaire ne sévit plus dans les zones urbaines
Par Laure Verneau (Antananarivo)
La maladie, majoritairement présente cette année sous sa forme la plus contagieuse, a fait 202 morts en quatre mois.
Les autorités malgaches ont annoncé, lundi 27 novembre, la fin de l’épidémie de peste pulmonaire dans les zones urbaines. La maladie frappait la Grande Ile depuis le début du mois d’août.
Le bilan énoncé par les autorités dénombre 2 384 cas de peste recensés, dont 1 828 de cas de peste pulmonaire, et 202 personnes décédées. « Le nombre de nouveaux cas de peste a diminué considérablement dès la cinquième semaine après le début de l’épidémie, a expliqué le premier ministre, Olivier Mahafaly Solonandrasana. Grâce aux efforts déployés pour réduire le risque de propagation internationale, aucun cas de peste lié à cette épidémie n’a été signalé au-delà des frontières nationales de Madagascar. »
Le chef du gouvernement malgache a toutefois appelé à la vigilance : si c’est bel et bien la fin de la flambée épidémique, d’autres cas sont attendus jusqu’au terme de la saison pesteuse, en avril 2018, dans les foyers habituels dans lesquels on recense en moyenne entre 300 et 400 cas chaque année à Madagascar.
La docteure Charlotte N’Diaye, représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Madagascar, confirme la régression de l’épidémie depuis quelques semaines : « Au 20 octobre, on comptait 278 hospitalisations dues à la peste. Aujourd’hui, il n’y en a plus que sept. »
Proportions inédites
Cette année, la peste a pris des proportions inédites, avec une percée pour la première fois dans les zones à forte densité de population : à Antananarivo, la capitale, mais aussi à Toamasina, à Fianarantsoa et à Antsirabe. Par ailleurs, la maladie était présente dans les trois quarts des cas sous sa forme pulmonaire, transmissible par la salive et donc plus contagieuse que la peste bubonique. La région d’Analamanga, dont fait partie Antananarivo, a concentré à elle seule 1 408 cas de peste pulmonaire.
Ces villes, habituellement non touchées, n’étaient ni préparées ni équipées pour lutter contre la maladie. La peste s’y est donc répandue très rapidement à cause, entre autres, du manque de formation du personnel soignant. Même si tout a été fait pour endiguer l’épidémie au plus tôt, « nous avons recensé 7 270 contacts en tout », précise Charlotte N’Diaye. Par contact, on entend l’entourage des personnes infectées : parents, femme de ménage, chauffeur de taxi… et qui ont été mises sous antibiotiques par précaution.
Dans les foyers habituels, 1 200 centres de santé de base ont été dotés de tablettes pour une surveillance électronique de la maladie. Le dispositif permet une détection précoce et une réponse médicale immédiate. Quelque 4 000 médecins et infirmiers ont été formés spécifiquement. « Nous voulons renforcer l’arsenal l’année prochaine, explique Charlotte N’Diaye. Nous encourageons le gouvernement à poursuivre les efforts qui ont été faits, notamment en matière d’assainissement et de désinsectisation. » Reste un gros travail de sensibilisation à entreprendre auprès de la population malgache.