Economie mondiale : les prévisions de l’OCDE en trois points
Economie mondiale : les prévisions de l’OCDE en trois points
Par Marie de Vergès
L’organisation exhorte à accélérer les réformes pour pérenniser la reprise, s’inquiétant notamment du poids de l’endettement privé et public.
Le port de Yangshan dans la zone de libre-échange de Shanghaï en Chine, en 2013. / Carlos Barria / REUTERS
La reprise mondiale se poursuit mais gare à ce que l’élan ne retombe dès 2019 : dans ses dernières prévisions économiques mondiales, publiées mardi 28 novembre, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) incite les gouvernements à profiter de la fenêtre de tir offerte par l’embellie conjoncturelle pour mettre le cap sur les réformes.
Une croissance qui se raffermit
« L’économie mondiale progresse à son rythme le plus rapide depuis 2010 et la reprise est de plus en plus synchronisée entre les pays », se félicite l’institution. L’OCDE prévoit une augmentation du produit intérieur brut (PIB) mondial de 3,6 % en 2017 et 3,7 % en 2018.
La zone euro est le parfait symbole de ce retour à meilleure fortune : son activité devrait progresser de 2,4 % cette année et 2,1 % la suivante, un scénario révisé à la hausse, respectivement, de 0,6 point et 0,3 point de pourcentage par rapport aux prévisions publiées en juin. La France, elle, devrait connaître une croissance de 1,8 % en 2017 et 2018, portée par « une demande externe plus forte, un rebond du tourisme, un climat des affaires solide et des créations d’emplois ».
Parmi les grandes économies, seul le Royaume-Uni déçoit. Dans le sillage du Brexit, la dépréciation de la livre sterling a pesé sur la consommation des ménages et la croissance devrait faiblir (+ 1,5 % en 2017, + 1,2 % en 2018).
Ailleurs, les moteurs de la reprise se sont tous rallumés : commerce mondial, investissement, production industrielle, consommation. Les pays émergents bénéficient de la demande chinoise. Alors que les prix du pétrole ont amorcé une timide remontée, les pays exportateurs de matières premières commencent à sortir de l’ornière.
Des vulnérabilités et des risques
Le diagnostic de l’OCDE reste pourtant empreint d’une grande prudence. Dix ans après, les séquelles de la crise financière ne sont pas toutes effacées. Dans les économies avancées, la croissance est plus faible que lors de précédents épisodes de reprise. Le niveau d’investissement reste insuffisant, tout comme la dynamique des échanges commerciaux, pour impulser une vraie hausse de la productivité. Les pays émergents, pourtant moteurs de l’économie mondiale, croissent moins vite que par le passé. La baisse du chômage est inégale et cache la multiplication d’emplois de mauvaise qualité. Les salaires augmentent trop lentement.
L’OCDE s’inquiète aussi du poids croissant de l’endettement des ménages et des entreprises à travers le monde. Un fardeau qui pourrait devenir toxique pour l’économie en cas de remontée brutale des taux d’intérêt ou de correction sur les marchés financiers. Des marchés dont la valorisation est jugée décalée avec la réalité de la reprise. Attention au retour de bâton.
Un appel à réformer sans tarder
« Nos projections pour le PIB mondial en 2019 montrent une modération de la croissance plutôt qu’une poursuite du raffermissement », souligne l’Américaine Catherine Mann, cheffe économiste de l’institution. L’institution appelle à mettre sans tarder le cap sur les réformes pour stimuler l’investissement privé et pérenniser la reprise. Elle préconise d’accroître l’ouverture des frontières pour stimuler les échanges commerciaux. Et invite à œuvrer en faveur d’une croissance plus inclusive.
« Certains pourraient suggérer qu’avec l’amélioration conjoncturelle, les efforts sont moins nécessaires. En réalité, le rythme rapide du changement technologique – digitalisation, robotique, intelligence artificielle, informatique des nuages – exige des réformes bien plus profondes, et aucune complaisance », a insisté Mme Mann.