Trafic de migrants : M. Macron pour l’envoi de forces policières africaines en Libye
Trafic de migrants : M. Macron pour l’envoi de forces policières africaines en Libye
Le Monde.fr avec AFP
La situation des Subsahariens bloqués en Libye dans des conditions désastreuses a été au cœur des discussions du sommet Europe-Afrique d’Abidjan.
Le président français Emmanuel Macron a précisé, jeudi 30 novembre, son projet de lutte contre les réseaux criminels de passeurs de migrants en Libye, plaidant pour le déploiement de forces policières africaines, l’envoi de troupes françaises n’étant pas à l’ordre du jour.
« Nous avons des échanges bilatéraux avec des pays africains pour contrôler les trafics, d’une manière structurée dans une “task force” », a déclaré Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à Accra, dernière étape de sa tournée africaine.
« Il appartient aux Etats africains d’opérer sur leur sol et de mener des opérations de police qui relèvent de leur souveraineté mais nous devons intensifier la coopération technique et en matière de renseignement », a-t-il ajouté.
Selon le président français, « la coopération entre Etats africains sur ce sujet n’est pas suffisante, l’Union africaine (UA) a donc proposé de coordonner davantage ce travail entre pays ».
L’opération militaire française « Barkhane » pourra contribuer si nécessaire « sur le sol tchadien, nigérien et malien, à certaines opérations, car la lutte contre le trafic de personnes est intimement lié à la lutte contre les trafics de drogue et le terrorisme ».
« Mais sur le sol libyen, il appartient au gouvernement aujourd’hui d’en décider, a déclaré M. Macron. Il n’est pas prévu à ce stade l’envoi de forces militaires ou de police de la part de la France ».
« Source de déstabilisation »
Au sujet de l’évacuation des migrants africains bloqués en Libye, le chef de l’Etat français a répété que « la Libye a accepté hier (mercredi) de laisser l’accès à son territoire, en particulier à l’Organisation internationale des migrations, pour permettre aux migrants d’être réinstallés dans leur pays d’origine s’ils l’acceptent ».
A ses côtés, le président ghanéen Nana Akufo-Addo a déclaré que « la Libye est la source de la déstabilisation dans la région, les armes qui circulent viennent toutes de Libye ».
Résoudre cette crise est une nécessité « pas seulement pour le peuple libyen » mais aussi pour « mettre un terme aux actes de sauvagerie » et « venir à bout des crises dans le Sahel », a-t-il conclu.
Le drame de l’immigration clandestine et de ses dérives comme les marchés d’esclaves en Libye a été au cœur des discussions du 5e sommet Europe-Afrique, auquel a participé M. Macron, et qui s’est achevé jeudi à Abidjan.
En marge du sommet, les dirigeants de neuf pays européens et africains, dont la Libye, ainsi que de l’ONU, l’Union européenne et l’Union africaine, avaient décidé mercredi soir de mettre en place « une coopération étroite (…) pour démanteler les réseaux et leur financement et interpeller les trafiquants ».
Lors de cette réunion, sollicitée par la France, ils s’étaient également mis d’accord pour mener des « opérations d’évacuation d’urgence dans les prochains jours ou semaines » des migrants victimes des trafiquants en Libye.