Nouvelle livrée pour la DS Virgin 2017-2018. / DS VIRGIN

« Participer à une révolution qui va bien au-delà du sport automobile. » Le directeur de l’écurie DS Performance, Xavier Mestelan Pinon, synthétise le sentiment qui prédomine chez tous les acteurs du championnat du monde de formule e (FE) électrique, dont la saison 4 s’ouvre ce week-end par deux courses, les 2 et 3 décembre, à Hongkong. Un sentiment qui se concrétise par la signature de plusieurs partenariats et l’afflux de nouveaux constructeurs, laissant échapper un parfum de modernité que le sport automobile et ses pots d’échappements ne connaissaient plus depuis longtemps.

La création du pôle de compétition DS Performance douze mois après l’arrivée de DS dans le groupe PSA, est symptomatique de cette évolution. D’abord retrouver une image avant-gardiste – celle des berlines présidentielles des années 1960. Ensuite, renouer avec le rôle de « laboratoire technologique » de la compétition automobile, anciennement assumé par la formule 1 et aujourd’hui joué à fond par la FE, encore vierge de lourdes réglementations. Les constructeurs s’y sentent libres d’élaborer et de tester les groupes propulseurs de leurs rêves, avec des défis à la hauteur de leurs ambitions, puisque, fin 2018, les batteries devront permettre aux pilotes de couvrir un ePrix entier sans changer de monoplace à mi-course. Le tout pour un prix estimé à 25 millions d’euros l’année tout compris.

Laboratoire technologique

Deuxième attrait technologique, la FE renvoie une image sportive de la voiture électrique, capable de procurer un réel plaisir de conduite. C’est cet aspect qui a séduit NIO (NIO Formula E team), start-up chinoise inscrite dans la niche des GT électriques à très hautes performances – pouvant aller à plus de 240 km/h et vendue 1,5 million de dollars. NIO a également apprécié les Robot Races organisées par Alejandro Agag, créateur et PDG de la formule e, en première partie de certains ePrix, dont celui de Paris. Le premier SUV autonome NIO de sept places devrait en effet sortir en Chine dès 2018.

La formule e est aussi valorisée par ses tracés en ville uniques. Ainsi, en 2017-2018, onze mégapoles des cinq continents vont accueillir quatorze courses – dont trois courses doubles. Ces circuits urbains permettent d’abord de rapprocher les industriels de l’automobile de leurs clients potentiels, ce qui est important, en particulier dans les grosses agglomérations qui conjuguent mobilité de masse et forte pollution.

BMW, fournisseur des Safety Cars, intensifie son partenariat avec lea FE en 2017-2018. / BMW

Jaguar, BMW, Nissan, Mercedes, Porsche

Des arguments qui ont convaincu Jaguar, marque emblématique, arrivée en FE en 2016 avec le slogan « Courir pour innover », et qui annonce un an après la création de sa propre course, la Jaguar I-Pace eTrophy. Gerd Mäuser, président de Jaguar Racing, n’a aucun mal à justifier cet engagement massif : « La FE a connu une croissance exponentielle depuis que nous nous sommes joints à l’équipe en tant que premier fabricant de voitures haut de gamme ! » Depuis, Audi a intensifié sa participation, ainsi que BMW, tandis que Nissan doit remplacer le pionnier Renault e. Dams en saison 5. En attendant l’arrivée un an après des mastodontes Mercedes-Benz et Porsche.

Au niveau des partenariats, le passage du groupe Total de la F1 à la FE a été qualifié d’« important » par Carlos Tavares, PDG de Peugeot. Comme il l’est tout autant de noter l’arrivée du Total Spring, la filiale de production électrique de Total. Michelin vient quant à lui de renouveler son contrat de fournisseur exclusif de pneumatiques.

Jeune et connecté

Mais faire n’est rien sans le faire savoir. En France, les deux courses de ce week-end sont retransmises en direct et en clair par Canal+ Sport et C8 à 7 h 50. Cela aussi est un signe. Par ailleurs, la FE a officialisé le 30 novembre l’accord passé avec Motorsport Network (Motorsport.com, Autosport.com, F1 Racing…), dont le président, Zak Brown, revendique 214 millions de pages vues par mois et dans 81 pays.

Internet, quoi de mieux pour véhiculer l’image d’un sport propre, jeune et connecté ? La FE est le championnat qui offre le plus d’interactions avec ses fans. « Les courses virtuelles avec les gamers nous rapprochent d’un public jeune, plus réceptif aux problèmes de mobilité urbaine », développe Xavier Mestelan Pinon, persuadé que « le sport automobile doit prendre un virage, se faire une nouvelle image. » Le 20 mai, lors de l’ePrix de Paris, beaucoup de ministres étaient présents, rappelle-t-il : « Nous avons très peu parlé course et beaucoup parlé mobilité. »

Drag Race: Formula E Car vs Cheetah
Durée : 02:00