Lutte ouvrière, encore et toujours « révolutionnaire »
Lutte ouvrière, encore et toujours « révolutionnaire »
Par Abel Mestre
L’organisation trotskiste tenait son congrès annuel ce week-end en banlieue parisienne.
Nathalie Arthaud lors d’un meeting présidentiel, le19 avril. / PHILIPPE HUGUEN / AFP
Lutte ouvrière (LO) garde son cap. Révolutionnaire, bien entendu. Réunie pour son traditionnel congrès annuel ce week-end en banlieue parisienne, la formation trotskiste a dressé un bilan de l’année passée marquée par de mauvais scores aux élections (0,64 % des suffrages exprimés à la présidentielle et 0,72 % des voix sur les 533 circonscriptions où LO avait un candidat). « Ces deux campagnes nous ont permis de nous faire davantage connaître, de rencontrer de nouveaux camarades et de conforter un peu nos rangs. Cela nous permet de résister aux vents politiques contraires et c’est une bonne chose », a avancé, optimiste, Nathalie Arthaud, porte-parole, lors d’une conférence de presse lundi 4 décembre.
Durant son congrès, LO a également réitéré son objectif de bâtir un « parti communiste révolutionnaire ». « C’est notre raison d’être, a expliqué l’ancienne candidate à la présidentielle. A la suite de Marx, Lénine, Trotsky, nous sommes convaincus que la classe ouvrière ne pourra se libérer de l’exploitation qu’en renversant le pouvoir de la bourgeoisie. »
Orthodoxie « bolchevique »
Une stricte orthodoxie « bolchevique » − pour Mme Arthaud, les bolcheviks sont les seuls à avoir porté la classe ouvrière au pouvoir – qui commande de mettre en place le parti révolutionnaire, avant-garde du prolétariat. Une conception fidèle aux principes défendus par l’Union communiste internationaliste (UCI) dont LO est l’émanation française, mais qui va à rebours de tous les débats qui secouent la gauche sur le dépassement des partis.
Ici, pas question, comme chez les « insoumis », de « mouvement gazeux », « polycentrique » ni même de « coconstruction » façon Benoît Hamon. Au contraire, il s’agit, pour les 8 000 adhérents revendiqués de LO, de « conscientiser » le prolétariat, moteur de l’histoire, seul capable de « renverser le capitalisme et de reconstruire une autre société ». D’ailleurs, pour MmeArthaud, La France insoumise, le Nouveau Parti anticapitaliste et les autres formations de gauche sont tous « réformistes » quand LO est la seule organisation « révolutionnaire ». Nathalie Arthaud n’exclut pas, cependant, des alliances ponctuelles dans certaines luttes. Mais aucune alliance électorale n’est, pour l’heure, envisagée.
Macron, « l’homme du capital financier »
Lors de ce congrès qui s’est tenu à huis clos, quatre textes d’orientation ont été présentés. Outre celui sur la constitution du « parti communiste révolutionnaire », les travaux étaient consacrés à la situation internationale, à la situation française et un autre sur la crise économique.
Lutte ouvrière ne cache pas son hostilité vis-à-vis d’Emmanuel Macron et de sa politique économique. Le président de la République est présenté comme « l’homme du capital financier » et ses réformes sont pointées comme renforçant « l’exploitation » des travailleurs. Mais Nathalie Arthaud tient à préciser que sa formation ne se contente pas de critiquer Emmanuel Macron mais qu’elle remet en cause tout le système du « grand capital », guidé par « les intérêts de la grande bourgeoisie ». Et que jamais elle ne déviera de cette ligne.