Emmanuel Macron lors de la cérémonie organisée pour le départ d’Evelyne Richard à l’Elysee, le 4 décembre. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Il y a des moments suspendus. Le pot de départ d’Evelyne Richard, qui quitte l’Elysée à 73 ans, en était un, lundi 4 décembre. Raide et élégante dans une robe crème pailletée d’or, la grande ordonnatrice des voyages présidentiels depuis Pompidou accueille ses 200 invités à l’heure du thé, dans la salle des fêtes du palais : diplomates, aides de camp, anciens conseillers ou journalistes, plusieurs générations confondues.

On se retrouve par époque, métier ou affinité. Jean-Pierre Elkabbach, Catherine Nay ou Michèle Cotta se mêlent aux jeunes accrédités à l’Elysée. Tout le service de presse de Nicolas Sarkozy est là. « Ça fait drôle », lance son ex-communicant, Franck Louvrier, qui n’était pas revenu à l’Elysée depuis 2012. La Chiraquie est surreprésentée : une ribambelle de conseillers, l’ancienne porte-parole Catherine Colonna ou encore Annie Lhéritier, l’inoxydable chef de cabinet de Jacques Chirac, qui serait « venue du bout du monde ». « Emue » de revenir au palais, elle sent que c’est la dernière fois : « Evelyne part, c’est un changement d’époque. »

L’ex-attaché de presse de Chirac, Laurent Glépin, murmure : « Y-a-t-il des gens de chez Mitterrand ? J’ai peur que nous soyons en première ligne… ! » Si rien n’a bougé dans ce vaste salon de réception aux tentures rouge et or, le temps a passé. Mais l’ex-secrétaire général de François Mitterrand, Hubert Védrine, est venu. Il y a même Jean-Pierre Teyssier, « chargé de mission pour la presse écrite et l’ORTF » au cabinet de Pompidou.

Caractère « inédit » de la cérémonie

Emmanuel Macron, qui était en ligne avec Donald Trump, descend enfin. Evelyne Richard n’a qu’un mot à dire : « Merci. » Sa voix impérieuse et haut perchée se casse. Le président relève le caractère « inédit » de la cérémonie, il loue cette armée d’« invisibles » qui œuvre au palais. « Je suis le 7e président d’Evelyne Richard », s’amuse Macron, qui n’était pas né à la mort de Pompidou.

Puis, il se mêle aux invités. Alors qu’il fuit les échanges avec la presse, le voilà cerné. « Le président face au vieux monde », ironise son porte-parole, Bruno Roger-Petit. Florence Muracciole, journaliste « à la retraite », feint de s’étonner : « Finalement, vous aimez bien les journalistes ! » « Gouverner, ce n’est pas commenter sa propre action », répond Macron, qui joue le jeu pour l’occasion.

Dans un coin de la salle des fêtes, l’éphémère porte-parole de Nicolas Sarkozy, David Martinon, échange avec Bruno Roger-Petit. Ancien communicant de François Hollande, Christian Gravel observe la petite assemblée : « Il n’y a qu’Evelyne pour réunir tous ces gens ! Il y a aussi quelque chose qui transcende les appartenances partisanes, c’est la République. »