« Le Crime de l’Orient-Express » : Hercule Poirot en version numérique
« Le Crime de l’Orient-Express » : Hercule Poirot en version numérique
Par Thomas Sotinel
Avec le concours d’une douzaine de collègues, Kenneth Branagh tente de redonner vie à l’univers obsolète d’Agatha Christie.
Hercule Poirot n’a jamais vraiment existé. Pas plus que le colonel Moutarde, en tout cas. Le détective belge d’Agatha Christie est un opérateur dans une équation, un rouage dans un engrenage, tout, sauf un personnage. Si bien que l’entreprise de Kenneth Branagh, qui tend à faire du chauve aux « petites cellules grises » un personnage complexe, revenu de tout sauf du souci de la justice, un héros des temps qui menèrent au second conflit mondial, a autant de chance de faire effet qu’une injection d’adrénaline dans le cœur d’une figure de cire.
Cette adaptation du Crime de l’Orient-Express (la deuxième après celle réalisée par Sidney Lumet en 1974) bénéficie de tout le confort moderne : Jérusalem (où le film commence par un prologue d’une infinie prétention, qui voudrait prouver qu’il suffit d’un peu d’ingéniosité policière pour prévenir les conflits à venir), Istanbul, les Balkans enneigés qui retrouvent, par la grâce de l’image numérique, la splendeur de cartes postales vivement coloriées ; à bord, on trouvera – comme dans le film de Lumet – un assortiment de vedettes qui satisfera tous les goûts.
Histoire usée
Johnny Depp pour les quadragénaires, Daisy Ridley pour les plus jeunes, Kenneth Branagh, Judi Dench et Derek Jacobi pour leurs aînés anglophiles, Michelle Pfeiffer et Willem Dafoe pour leurs homologues américanophiles. Confinés dans un train bloqué par la neige, la douzaine de passagers interprétés par ces excellents comédiens tente de convaincre qu’il y a un quelconque intérêt à trouver le coupable de l’assassinat de l’un d’entre eux.
Cette histoire est si usée que la révélation de l’identité de la victime, du ou des coupables ne surprendrait pas grand monde. Si l’on s’intéresse à ce qui se passe à l’écran, c’est en dépit des règles obsolètes du « whodunnit ». Les quelques gratifications qu’offre ce Meurtre tiennent aux efforts éperdus de Kenneth Branagh pour trouver un accent francophone convaincant, à l’architecture baroque de sa moustache et – plus sérieusement – aux performances de Willem Dafoe et Michelle Pfeiffer qui prêtent à leurs personnages l’une une lassitude, l’autre une inquiétude convaincantes.
Le Crime de l'Orient Express - Nouvelle Bande Annonce [Officielle] VF HD
Durée : 02:04
Film britannique de et avec Kenneth Branagh. Avec Johnny Depp, Daisy Ridley, Michelle Pfeiffer, Willem Dafoe, Judi Dench (1 h 49). Sur le Web : www.foxfrance.com/crimedelorientexpress, www.foxmovies.com/movies/murder-on-the-orient-express et www.facebook.com/LeCrimedelOrientExpressFr