« Quand on a passé son temps à massacrer son peuple, on a généralement un peu plus de discrétion », a déclaré Jean-Yves Le Drian à propos de Bachar Al-Assad. / ERIC BARADAT / AFP

Quelques jours après des déclarations de Paris accusant le régime de Damas d’avoir fait « obstruction » aux dernières négociations à Genève, qui ont échoué, le président syrien Bachar Al-Assad s’en est pris violemment lundi à la France, après avoir reçu à Damas une délégation de responsables et d’hommes d’affaires russes.

« La France a été le porte-étendard du soutien au terrorisme en Syrie dès les premiers jours [du conflit]. Elle n’est pas en position de donner une évaluation d’une conférence de paix. Celui qui soutient le terrorisme n’a pas le droit de parler de paix et n’a même pas le droit de s’ingérer dans les affaires syriennes. »

Assad dépendant de la Russie et de l’Iran

La réponse est venue de la bouche de Jean-Yves Le Drian, le ministre des affaires étrangères français. Interrogé par des journalistes lors d’un déplacement à Washington, il a répliqué :

« Quand on a passé son temps à massacrer son peuple, on a généralement un peu plus de discrétion. M. Bachar Al-Assad ne semble pas vraiment en situation de pouvoir affirmer une prise de position politique tant qu’il est dépendant de la Russie et de l’Iran. »

Le chef de la diplomatie française a rappelé le rôle de la France, qui a été « dès le départ dans l’action de la coalition » internationale contre le groupe djihadiste Etat islamique. « Aujourd’hui, c’est la coalition qui a permis la victoire », a-t-il estimé, jugeant que le régime de Damas ne pouvait à ce titre pas donner de « leçon » à Paris.

Echec du dernier cycle de négociations

Le dernier cycle de pourparlers organisé sous l’égide de l’ONU entre le régime et l’opposition syrienne s’est achevé jeudi à Genève sans avancée. Le lendemain, le Quai d’Orsay avait dénoncé la « stratégie d’obstruction irresponsable » du régime, estimant qu’il avait « refusé de s’engager » dans les pourparlers.

Dimanche, le président français Emmanuel Macron a estimé qu’il fallait « parler » à M. Assad tout en estimant que le dirigeant syrien devra « répondre de ses crimes ». Au processus de Genève, Damas préfère les pourparlers prévus l’an prochain à Sotchi et organisés par la Russie, principal allié du régime.

Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques par le régime, le conflit en Syrie s’est complexifié au fil des ans avec l’implication de pays étrangers et de groupes djihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a fait plus de 340 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.