Bruxelles veut améliorer les conditions de travail des plus précaires
Bruxelles veut améliorer les conditions de travail des plus précaires
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)
La Commission européenne a proposé, jeudi, un texte censé apporter une meilleure protection et une plus grande transparence aux travailleurs occasionnels ou à temps très partiel.
Marianne Thyssen, la commissaire à l’emploi et aux affaires sociales, à Bruxelles, le 17 juillet. / THIERRY CHARLIER / AFP
Soucieuse de convaincre qu’elle s’occupe, aussi, de questions sociales, la Commission européenne a dévoilé, jeudi 21 décembre, un projet de directive visant à améliorer les conditions de travail, et notamment de ceux – de plus en plus nombreux – qui possèdent un emploi précaire. Ils sont de 4 à 6 millions, aujourd’hui dans l’Union, travailleurs occasionnels ou à temps très partiel, avec un salaire et une protection sociale souvent très faibles.
Marianne Thyssen, commissaire à l’emploi et aux affaires sociales, propose donc aux pays membres et au parlement européen un texte censé rendre les conditions de travail de ces personnes « plus prévisibles et plus transparentes ». Estimant que la flexibilité ne fera que s’étendre à l’avenir, la responsable belge espère faire en sorte que cette évolution s’accompagne d’une meilleure protection et d’une plus grande transparence, avec l’objectif d’assurer, à terme un accès généralisé à la protection sociale.
Dans un premier temps, celui qui signe un contrat précaire, flexible, à l’horaire non prédéterminé, variable ou limité à quelques heures par semaine devrait obtenir dès le départ des précisions sur sa période d’essai (elle devrait être limitée à six mois au maximum), ses horaires (sauf exception) et son éventuelle formation (qui ne pourrait en aucun cas être à sa charge). A l’avenir, tous les travailleurs devraient aussi obtenir, dès le début, des informations écrites sur leur emploi.
Clarification
Si les Etats membres suivent la proposition de Mme Thyssen, un employeur ne pourra plus empêcher un travailleur d’accepter un autre emploi si son horaire est limité. Un employé à temps partiel devrait aussi pouvoir réclamer un temps plein quand un poste est disponible dans son entreprise. Quelque 7 millions d’Européens aimeraient, selon les chiffres de Bruxelles, pouvoir travailler plus afin de gagner davantage.
D’autres chiffrent interpellent : 4 millions de personnes travaillent actuellement moins de huit heures par semaine et 1,6 million ont un CDD d’une durée inférieure à un mois. De quoi tempérer les affirmations quant au taux d’emploi en Europe, qui n’aurait jamais été aussi élevé – 236 millions de personnes occupées. Mais jamais aussi fragile.
Dans l’immédiat, estime la commissaire, de 2 à 3 millions de citoyens pourraient voir leur situation se stabiliser si sa proposition est appliquée. Et les employeurs, insiste-t-elle, ont tout à gagner de la clarification qu’elle suggère. Les relations au sein de l’entreprise, la productivité et la loyauté des travailleurs s’en trouveront améliorées tandis que les conflits diminueront, affirme Mme Thyssen.
Il reste savoir ce que certains pays membres feront de ce texte optimiste et ambitieux. Et si tous les secteurs sont vraiment prêts à accepter des dispositifs qu’ils risquent surtout de voir comme une contrainte, incompatible avec le principe même de leur activité.