Un artiste et son épouse injoignables après un hommage en Chine au Prix Nobel Liu Xiaobo
Un artiste et son épouse injoignables après un hommage en Chine au Prix Nobel Liu Xiaobo
Le Monde.fr avec AFP
Hu Jiamin et Marine Brossard n’ont plus donné de nouvelles depuis le 15 décembre. Des témoins affirment que le couple a été emmené par des policiers en civil.
Qu’est-il arrivé à Hu Jiamin et Marine Brossard ? L’artiste et son épouse française ne donnent plus de nouvelles depuis une semaine, après avoir exposé en Chine une œuvre en hommage au Prix Nobel de la paix Liu Xiaobo. Le 15 décembre, le couple a déployé une fresque montrant une chaise vide devant des barreaux, à l’entrée d’une exposition dans la grande ville de Shenzhen (sud de la Chine), avant que les autorités ne recouvrent rapidement l’œuvre et n’emmènent le couple.
Le couple, domicilié à Lyon, s’était rendu sur place pour participer à la Biennale d’urbanisme et d’architecture Shenzhen-Hongkong, selon des témoins. « Nous tentons de les joindre. Nous ne comprenons pas ce qui se passe », a déclaré un ami de longue date du jeune couple, qui a requis l’anonymat par mesure de sécurité. Il a ajouté que la nationalité de Hu Jiamin n’était pas certaine.
La crainte de « mauvais traitements »
Un quotidien hongkongais a rapporté qu’un de ses journalistes présents à l’exposition avait vu l’artiste et sa femme pousser des cris alors qu’ils étaient emmenés par des policiers en civil le 15 décembre au soir. Les policiers ont donné l’ordre aux badauds de ne pas filmer la scène et d’effacer leurs images, selon le journal.
Un reporter du South China Morning Post, un autre quotidien hongkongais, a reçu un peu plus tard un bref message de l’artiste assurant que tout allait bien, mais le journal a dit n’avoir pas pu vérifier si le message émanait bien de Hu Jiamin.
Autre motif d’inquiétude, Marine Brossard ne répond pas à son adresse courriel et les appels sur le téléphone de M. Hu tombent sur un message selon lequel l’appareil est éteint.
La police de Shenzhen assure n’avoir aucune information sur le couple, de même que le ministère des affaires étrangères chinois. L’ambassade de France à Pékin se refuse, quant à elle, à tout commentaire sur ces informations.
De son côté, Patrick Poon, d’Amnesty International, a appelé à la libération « immédiate et sans conditions » du couple. « Ils n’ont fait qu’exercer leur liberté d’expression artistique. Qu’ils soient injoignables fait craindre qu’ils soient l’objet de torture ou de mauvais traitements », avance-t-il.