Six questions pour tout savoir — ou presque — du bitcoin
Six questions pour tout savoir — ou presque — du bitcoin
Par Agnès Lambert
Vous n’avez toujours pas compris à quoi sert le bitcoin ? Voici de quoi briller sur le sujet pendant les repas des fêtes de fin d’année
Yoshinori Kobayashi est un trader japonais spécialisé sur le bitcoin. / TORU HANAI / REUTERS
Qu’est-ce que le bitcoin ?
Le bitcoin est une cyptomonnaie conçue par un collectif anonyme connu sous le pseudonyme de « Satoshi Nakamoto » en 2008. Le tout premier bitcoin fut créé le 3 janvier 2009. « Le bitcoin n’est pas une monnaie, mais un moyen de paiement reconnu par certains Etats comme le Japon ou l’Australie », précise Noël Amenc, professeur de finance à l’Edhec Business School. Il n’est pas géré par des banques centrales et n’a pas de lien avec l’économie réelle par les taux d’intérêt, comme pour les véritables monnaies. Il repose sur la technologie de la blockchain, un registre de données décentralisé partagé entre des milliers de machines dans le monde. « Il est impossible de supprimer ou de modifier une donnée écrite sur la blockchain. Elle sert donc à stocker des données et à les conserver », explique Manuel Valente, de la Maison du bitcoin. Un bitcoin vaut environ 16 000 dollars. Son cours a été multiplié par seize en 2017.
A quoi sert-il ?
Le bitcoin peut être utilisé comme moyen de paiement pour régler ses achats chez certains e-commerçants, dans quelques boutiques en dur, ou entre particuliers détenant tous les deux un portefeuille de bitcoins. En l’absence de réglementation, le bitcoin peut aussi servir à financer des activités illégales (crime organisé, blanchiment d’argent). « Le principal risque à court terme est celui d’une interdiction pure et simple de la conversion du bitcoin en dollars par les Etats-Unis, si l’on découvre que le bitcoin a servi à financer des activités terroristes par exemple », dit Noël Amenc. Avec, à la clé, l’effondrement des cours.
Comment fabrique-t-on des bitcoins ?
Les bitcoins ne sont pas émis par une banque centrale, mais fabriqués par des machines de minage, un peu partout dans le monde. Ces machines ressemblent à de gros disques durs d’ordinateur. « Le rôle des mineurs consiste à vérifier que les transactions arrivant sur la blockchain sont valides. Pour cela, ils doivent résoudre un problème mathématique. La première machine parvenant à le résoudre est remerciée par une récompense de 12,5 bitcoins », explique Manuel Valente. Il faut actuellement une dizaine de minutes pour qu’une machine dans le monde parvienne à trouver la solution, ce qui permet de fabriquer un nouveau bloc dans la chaîne de bitcoins (d’ou le nom de blockchain).
Qui peut miner des bitcoins ?
Il suffit pour cela d’acheter une machine de minage. Mais cela ne garantit pas le succès : le mythe de l’étudiant geek minant des bitcoins dans sa chambre à Stanford est révolu. Les bitcoins sont fabriqués dans des fermes de minage, remplies de milliers de machines en batterie, comme il en existe en Chine, en Russie ou en Islande. Attention, les créateurs du bitcoin ont organisé sa rareté en fixant à 21 millions le nombre total de bitcoins qui seront créés. Aujourd’hui, 16,7 millions de bitcoins sont en circulation. On estime que 20 millions de bitcoins auront été créés en 2025, et que le dernier million sera émis en 2140. « L’effet rareté fait monter les prix », constate Noël Amenc.
Le bitcoin est-il mauvais pour la planète ?
Plus le temps passe, plus il devient difficile de résoudre les problèmes cryptographiques permettant de créer des bitcoins. Il faut de plus en plus de temps aux machines pour y parvenir, donc elles consomment de plus en plus d’électricité. Selon le site Digiconomist, le bitcoin représente aujourd’hui 0,15 % de la consommation mondiale d’électricité. « Il s’agit d’une véritable menace écologique. L’accroissement des difficultés de fabrication plaide donc pour l’émergence d’autres cryptomonnaies moins coûteuses à produire, ce qui constitue un risque d’effondrement des cours du bitcoin », ajoute Noël Amenc. Il existe d’ailleurs des centaines d’autres cryptomonnaies, parmi lesquelles l’ethereum, le ripple, le litecoin ou le dash.
Puis-je acheter des bitcoins ?
Il est possible d’acheter et de vendre des bitcoins sur des plates-formes en ligne. Mais il s’agit d’un investissement hautement spéculatif, contre lequel l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) mettent régulièrement en garde les particuliers. Les risques sont multiples. Passé de 1 012 dollars le 2 janvier 2017 à plus de 16 000 dollars le 15 décembre, le bitcoin est tout d’abord très volatil. Il peut gagner ou perdre plusieurs milliers de dollars en quelques jours. Il existe par ailleurs des risques au niveau des plates-formes d’achat et de vente de bitcoins en ligne, qui peuvent se faire voler, ou encore relever de l’escroquerie, comme cela s’est vu avec la faillite du site MtGox, en 2014.
« Les bitcoins achetés sur les plates-formes sont stockés dans des wallets, des portefeuilles virtuels. Malgré toutes les précautions prises, il existe un risque de vol, par des hackeurs qui viendraient vider les wallets des clients d’une plate-forme », explique Julien Maldonato, associé conseil industrie financière chez Deloitte. Mais malgré tous ces clignotants « attention danger », le bitcoin est désormais un actif financier à part entière : la Bourse de Chicago, le Chicago Board Option Exchange, a lancé le 10 décembre des contrats à terme sur le bitcoin. De quoi lui assurer une nouvelle crédibilité.