13 750 euros pour cette enveloppe gouachée signée Chu Teh-Chun. / PS PROUST/ADER

La maison Ader proposait une vente aux enchères d’« enveloppes d’artistes », le 27 mars à Paris, pour une estimation totale de près de 100 000 euros, parmi lesquelles des plis illustrés, peints, décorés par Matisse, Calder, Cabu, Chu Teh-Chun, Jérôme Mesnager…

Le vendeur, Pierre-Stéphane Proust, un ancien philatéliste reconverti dans le « mail art » remarquait avant les enchères, que « cette première vente [proposait] une sélection d’artistes cotés dans le monde de l’art. David Nordmann directeur de la maison Ader – impitoyable, lui ayant fait remarquer que « pour leur grande majorité, les dessinateurs de timbres sont des artistes qui n’ont aucune cote dans le marché de l’art ».

Encre de chine et crayons de couleur sur enveloppe. Adressée à Christian Zervos à Paris. Tampon de l’expéditeur. Format 24 x 10,5 cm. Estimation : 2 000/3 000 euros. Prix atteint : 3 250 euros. / PS PROUST/ADER

Malgré cette sélection, la vente a été très décevante – environ un tiers seulement des 279 lots dispersés – avec, pourtant, un beau catalogue. Parmi les explications, Pierre-Stéphane Proust estime que l’adresse sur l’œuvre gêne les amateurs, avant de conclure que les amateurs d’art postal sont en définitive peu nombreux.

Certains prix de départ étaient, en outre, peut-être un peu élevés, pour des œuvres sur papier, comme cette belle lettre de Jérôme Mesnager, estimée 400 à 500 euros, invendue, alors que l’on peut trouver sur le marché des toiles de ce peintre, certes de petit format, à peine plus cher.

3 250 euros pour Calder

Les peintres de la Marine, de l’Air, des Armées ainsi que les artistes moyennement connus n’ont eu que peu de succès. Les dessinateurs de presse et de BD ont enregistré des résultats très mitigés : si Plantu a fait 500 euros, Geluck 275 euros et Cabu 563 euros, Chenez, Kerleroux, Piem, Trez, Margerin, ou Sempé sont restés sur le sable.

Le record de la vente a été remporté par Chu Teh-Chun, avec une belle gouache, à 13 750 euros.

Gouache sur enveloppe toilée de la Direction des Postes, timbre d’après l’oeuvre de l’artiste non oblitéré, format 40, 5 x 30,5 cm, 3 750 euros. / PS PROUST/ADER

Les enveloppes anciennes – comme celles signées Alain Humbert (1835-1886) – et certains artistes de renom tirent leur épingle du jeu : Calder atteint tout de même 3 250 euros, Ben (autoportrait gouache blanche sur enveloppe double face, à 1 063 euros), Erro (400 euros), Viallat (3 750 euros, pour une belle gouache sur enveloppe toilée de la Direction des Postes) ou Segui (688 euros).

Antonio Segui, aquarelle et encre sur enveloppe signée et adressée, 688 euros. / PS PROUST/ADER

Yves Klein (invitation pour le vernissage à la galerie Iris Clert du 28 avril 1958, avec timbre bleu monochrome, estimée 2 000/3 000 euros) a dépassé l’estimation, à 4 375 euros.

« Astroboy », pochoir et aérographe sur enveloppe adressée, format 32 x 23 cm, invendue. / PS PROUST/ADER

En revanche n’ont pas trouvé preneur Matisse (encre sur enveloppe adressée à Rouveyre en 1947, estimation 6 000/8 000 euros), Velickovic (800/1 000 euros), Trémois (300/400 euros), Speedy Graphito (600/800 euros), Folon (800/1 000 euros), Albert Féraud (200/300 euros), Philippe Favier (600/800 euros), Henri Cueco (400/500 euros), l’artiste urbain Da Cruz (80/100 euros), Michel Ciry (200/300 euros)… dans un inventaire à la Prévert… Un collage de Jacques Prévert, justement, atteignant 2 250 euros. Il reste au vendeur à tenter sa chance sur eBay.