Comment réveiller un rituel vieux comme la Ve République ? En ménageant un effet de surprise. Emmanuel Macron, qui est rentré vendredi de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), prépare ses premiers vœux aux Français, dans le secret. Le président, qui aimerait imprimer sa marque, a envisagé à peu près tous les scénarios : se rendre auprès des troupes ou sur une frégate en opération extérieure pour rappeler que « la France est en guerre », parler plus tôt (avant 20 heures) ou depuis la province… Au final, il devrait s’exprimer depuis l’Elysée le 31 décembre et « la forme devrait rester classique, c’est un exercice très ritualisé », croit savoir un ministre.

Une chose est sûre : très attentif aux symboles et fin connaisseur de l’histoire politique, M. Macron, qui a étudié la geste de tous ses prédécesseurs, ne laissera rien au hasard. Avant lui, MM. Mitterrand et Giscard avaient tenté de surprendre : le premier en parlant depuis Strasbourg (1988) ; le second en s’exprimant depuis son bureau, devant la cheminée, son épouse Anne-Aymone à ses côtés (1975).

M. Macron, qui s’est laissé photographier ces jours-ci sur des skis, comme VGE, et a choisi de travailler dans le « salon d’angle » du palais, comme le président centriste avait été le seul à le faire avant lui, pourrait être tenté de s’inscrire une nouvelle fois dans ce sillage en parlant depuis la même pièce. « S’il fait cela, le parallèle entre Giscard et lui sera de plus en plus fort », observe un ami. « Plus c’est gonflé, plus ça l’amuse », résume un autre proche.

« Solidarité et autorité »

Sur le fond, le chef de l’Etat devrait se livrer à un rapide bilan des sept mois écoulés, dire qu’il « tient ses engagements » et qu’il a commencé à « transformer le pays » et dessiner la « road map de 2018 », selon des proches. Une année dominée par le deuxième volet des réformes sociales (assurance chômage, etc.), la loi sur l’asile et l’immigration (qui risque de tendre le climat au sein de la majorité), la réforme de l’Etat et celle de la Constitution. « Les deux piliers de 2018, ce sera la solidarité et l’autorité », pronostique un fidèle. « Macron devra se montrer empathique », met en garde l’un de ses proches, alors que le président se voit parfois reprocher d’apparaître comme le « premier de cordée » d’une France qui va bien, loin des personnes plus en difficulté (chômeurs, SDF, migrants, « ceux qui ne sont rien »…).

De son côté, le chef de l’Etat termine l’année 2017 sous les meilleurs auspices. Loué à l’étranger, il est parvenu à faire passer sans résistance ses premières réformes, dont celle du marché du travail. Le chômage baisse, il remonte dans les sondages et l’opposition, en miettes, n’est pas parvenue à trouver d’angles d’attaque. Jeudi, le Conseil constitutionnel a même validé son premier budget.

M. Macron présidera un séminaire de rentrée le 3 janvier, pour dessiner l’agenda de réformes des trois prochains mois. Il devrait ensuite prononcer la plupart de ses vœux au cours de la première semaine de l’année : vœux au gouvernement, à la presse, au Conseil constitutionnel le 3 ; vœux au corps diplomatique et aux forces religieuses le 4 ; avant de s’envoler pour un long déplacement en Chine, le 7.

Macron met en scène la signature de trois lois

Emmanuel Macron doit signer, samedi 30 décembre à 16 h 30, sous l’œil des caméras, trois lois récemment votées, en présence du porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. Un cérémonial déjà adopté pour les trois premières lois du quinquennat.

Il doit parapher officiellement la loi de finances pour 2018, la loi de financement de la Sécurité Sociale et la loi mettant fin à la recherche ainsi qu’à l’exploitation des hydrocarbures.

S’inspirant d’une habitude des présidents américains de signer les lois au sein de la Maison Blanche, le chef de l’Etat avait inauguré cette mise en scène en septembre en signant en direct, dans son bureau de l’Elysée, la loi de moralisation de la vie politique, puis les ordonnances travail et enfin le 30 octobre la loi antiterroriste qui a pris le relais de l’état d’urgence.