Sur les lieux de l’attaque d’un supermarché, à Saint-Pétersbourg, le 27 décembre 2017. / OLGA MALTSEVA / AFP

L’attentat contre un supermarché de Saint-Pétersbourg, qui a fait 18 blessés le 27 décembre 2017, a-t-il été commis par l’organisation Etat islamique (EI) ou par un déséquilibré adepte d’un tout autre genre de sciences occultes ? Deux jours après l’explosion d’une bombe placée dans la consigne d’un magasin de la chaîne Perekrestok, l’EI revendiquait l’attaque par son organe de propagande Amaq, évoquant l’action d’un « groupe dépendant de l’Etat islamique ». De quoi replonger l’ancienne capitale impériale dans le souvenir de l’attentat dans une rame de métro, en avril, commis par un groupe proche d’Al-Qaida et qui avait fait 14 tués.

L’arrestation par les autorités russes d’un suspect, samedi 30 décembre, et ses premières confessions, mettent à mal la crédibilité de cette version, alors même que l’EI a multiplié ces derniers mois les revendications infondées. L’homme arrêté, un habitant de Saint-Pétersbourg âgé de 35 ans, semble ainsi avoir bien peu à voir avec l’organisation djihadiste.

Amateur de drogues

« Lors de son interrogatoire, le suspect a confirmé avoir organisé et réalisé le crime. Selon lui, son acte était motivé par la haine envers les organisateurs et les membres d’ateliers psychologiques auxquels il a assisté », a indiqué le comité d’enquête, sans plus de détails. D’après la diffusion sur Internet de courts extraits de ces aveux filmés, il apparaît que les ateliers en question sont des formations dispensées par une « école de développement énergétique et informatif », décrite par le suspect comme une « secte de médiums ». L’homme dit avoir perpétré l’attentat « pour que les gens sachent ».

Ces explications peu limpides recoupent d’autres informations divulguées dans la presse russe, qui indiquent que Dmitri Loukianenko serait membre d’un mouvement intitulé New Age - Nouvelle Ere, un groupe décrit comme ultranationaliste et amateur de sciences occultes. Il serait, surtout, suivi par une clinique psychiatrique depuis ses 19 ans. Et amateur de drogues.

« L’enquête et l’expertise, y compris génétique, confirment l’implication de l’accusé dans la fabrication de l’engin explosif », assure encore le comité d’enquête. Les enquêteurs ont en outre décidé de requalifier l’affaire, initialement ouverte formellement pour « tentative d’homicide », en « acte de terrorisme ». A l’appui de ses aveux, l’homme a aussi indiqué avoir laissé sur les lieux deux clés USB dans lesquelles son mode opératoire et ses récriminations sont exposés en détail. L’une d’elles a bien été retrouvée au rayon charcuterie du magasin.