Des gens font du vélo devant le siège du groupe Alibaba, à Hangzhou, en Chine, en novembre 2014. / ALY SONG / REUTERS

Il n’y aura finalement pas de fusion entre le spécialiste américain des paiements électroniques MoneyGram International et Ant Financial Services, bras financier du géant chinois du commerce en ligne Alibaba Group Holding. Les autorités réglementaires américaines se sont opposées mardi 2 janvier à ce rachat.

Dans un communiqué commun, les deux groupes ont annoncé qu’ils renonçaient à ce rapprochement de 1,2 milliard de dollars, « faute d’avoir obtenu l’approbation obligatoire du Comité sur les investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS) ». Ils ont déploré ce refus « malgré des efforts considérables pour répondre aux préoccupations du comité ».

Le rejet de cette opération de fusion entre le groupe américain et celui du magnat chinois Jack Ma est un nouveau signe de l’approche plus dure, en matière commerciale et réglementaire, de l’administration Trump envers la Chine. « L’environnement géopolitique a considérablement changé depuis que nous avons annoncé la transaction proposée avec Ant Financial il y a près d’un an », a affirmé le directeur général de MoneyGram, Alex Holmes.

  • Les Etats-Unis invoquent la sécurité nationale

Ant Financial est contrôlé par Jack Ma, fondateur d’Alibaba, et exploite des services de paiement sur Internet et sur mobile. Il visait à s’étendre internationalement avec le rachat de MoneyGram, société sise à Dallas et spécialisée dans le transfert de fonds à l’étranger. Le groupe américain compte environ 1 300 employés.

Le CFIUS, un organisme multi-agences placé sous la houlette du Trésor américain, est chargé d’examiner les acquisitions étrangères et peut les faire bloquer pour des raisons de sécurité nationale. En septembre dernier, sur les recommandations du CFIUS, le président Trump s’était opposé au rachat du fabricant de semi-conducteurs Lattice Semiconductor Corporation par un groupe détenu par des actionnaires chinois, le fonds d’investissements Canyon Bridge Fund.

M. Trump avait invoqué « un risque pour la sécurité nationale » lié à des transferts potentiels de propriété intellectuelle sur des semi-conducteurs.

  • Pékin regrette des fins protectionnistes

La Chine avait aussitôt exprimé ses « vives inquiétudes », réclamant « un traitement équitable » pour ses firmes et dénonçant un veto à des fins « protectionnistes ». Dans le cas du rachat de MoneyGram, les autorités américaines avaient, selon des informations de presse, des inquiétudes sur la sécurité des données personnelles ainsi que sur le contrôle des transactions vis-à-vis du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme.

Les deux groupes ont néanmoins fait état de leur intention de poursuivre des « coopérations stratégiques » entre eux, en Chine comme aux Etats-Unis, ainsi que dans d’autres marchés asiatiques comme l’Inde ou les Philippines.

  • Coup de frein de Trump aux investissements chinois

Les investissements chinois aux Etats-Unis ont fortement progressé ces dernières années, totalisant 46 milliards de dollars l’an dernier, alors que Pékin encourageait ses entreprises à s’assurer à l’étranger des technologies et de nouveaux marchés.

Mais depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, Washington se montre bien plus réticent envers les acquisitions chinoises. Le président milliardaire dénonce volontiers le déséquilibre des échanges commerciaux sino-américains et les Etats-Unis multiplient les enquêtes sur les pratiques commerciales du régime communiste, accusé d’avantager ses entreprises.

D’autres projets de rachats chinois aux Etats-Unis restent suspendus à l’examen du CFIUS, dont l’acquisition de l’assureur américain Genworth Financials par le Chinois Oceanwide Holdings pour 2,7 milliards de dollars, une opération dévoilée dès octobre 2016.