Comme à chaque début d’année, le célèbre patron de Facebook, Mark Zuckerberg, a annoncé jeudi 4 janvier son « défi personnel » pour les douze mois à venir. Après avoir appris le mandarin, créé son propre programme d’intelligence artificielle et visité chaque Etat américain en 2017, Mark Zuckerberg a surpris avec sa bonne résolution 2018, très différente des précédentes.

Dans un message publié sur sa plate-forme, le milliardaire a déclaré vouloir « régler les importants problèmes » auxquels est confronté Facebook :

« Le monde semble anxiogène et divisé, et Facebook a beaucoup de travail à faire – qu’il s’agisse de protéger notre communauté contre la cruauté et la haine, de la défendre contre les interférences des Etats, ou de s’assurer que le temps passé sur Facebook est du temps bien dépensé. Mon défi personnel de 2018 est de me consacrer à régler ces importants problèmes. »

« Nous faisons trop d’erreurs »

Le premier réseau social au monde, qui a dépassé l’an dernier la barre symbolique des 2 milliards d’utilisateurs actifs, concentre les critiques : problèmes de modération, déluge de fausses informations, manipulations par des puissances étrangères en période d’élection, inquiétudes pour la vie privée et pour le lien social… L’année 2017 s’est d’ailleurs terminée par les aveux d’anciens cadres de Facebook, qui ontont fait publiquement part de leurs inquiétudes face à ce qu’était devenu le réseau social, au point d’exprimer parfois leurs remords d’avoir contribué à son succès.

« Nous ne pourrons pas empêcher toutes les fautes et les abus, mais nous faisons pour l’instant trop d’erreurs dans la façon dont nous appliquons nos règles et tentons de contrecarrer les détournements de notre outil », reconnaît le fondateur de Facebook, dans un aveu déjà exprimé par le passé.

Lire nos explications : Qu’est-il reproché à Facebook ?

Décentraliser le pouvoir

Plus étonnant, Mark Zuckerberg souligne un autre problème lié à Facebook, plus rarement évoqué ces derniers mois : la question de la centralisation du Web.

« Parmi nous, beaucoup se sont lancés dans la technologie parce que nous croyons qu’elle peut être une force de décentralisation, qui place plus de pouvoir entre les mains des gens. (…) Mais aujourd’hui, nous avons perdu foi en ce principe. Avec la montée d’un petit nombre de grosses entreprises tech – et l’utilisation des technologies par les gouvernements pour surveiller leurs citoyens – beaucoup de gens pensent aujourd’hui que la technologie centralise le pouvoir plutôt que l’inverse. »

Quelle conclusion en tirer ? Facebook est l’un des principaux acteurs de cette centralisation, en étant devenu, en quelques années seulement, la principale porte d’entrée d’Internet pour d’innombrables internautes. En réponse à cette problématique, Mark Zuckerberg promet d’étudier les technologies qui, par leur nature même, reposent sur la décentralisation, comme la blockchain, qui fait fonctionner certaines monnaies numériques à l’instar du bitcoin.

Tout cela « ne ressemble peut-être pas un défi personnel », concède le fondateur de Facebook, « mais je crois que j’apprendrais plus en me concentrant sérieusement sur ces problèmes qu’en faisant quelque chose de complètement différent. Ces questions ont des liens avec l’histoire, la vie civique, la philosophie politique, les médias, la politique et bien sûr la technologie ».

De leur côté, les Etats commencent à légiférer

Ce message est dans la droite lignée de la politique de communication appliquée par Facebook ces derniers mois : faire amende honorable, reconnaître les problèmes et assurer travailler d’arrache-pied à les résoudre. En novembre, Mark Zuckerberg avait même déclaré que l’intégrité de Facebook, et la réponse à ces problématiques, était « plus importante que les profits ».

Un positionnement stratégique à l’heure où les Etats menacent de légiférer pour imposer des règles aux grandes plates-formes comme Facebook, ce qu’elles souhaitent fortement éviter. Or, lundi, l’Allemagne a mis en application une loi forcant ces sites à se montrer plus efficaces dans leur modération, tandis qu’Emmanuel Macron a annoncé mercredi un futur projet de loi pour lutter contre les fausses informations, notamment sur les réseaux sociaux.

Outre les nombreuses polémiques liées à Facebook, l’année 2017 de Mark Zuckerberg a été marquée par ses visites dans chaque Etat, à la rencontre des Américains. Une bonne résolution qui avait renforcé les soupçons de certains observateurs, lui prêtant des ambitions électorales – ce qu’il a démenti.