Documentaire sur Canal+ à 19 h 15

Ibrahimovic : Les Français sont réputés pour leur arrogance !
Durée : 03:00

Depuis près de quatre ans, Franck Ribéry ne parle plus aux médias français. En cause : les nombreuses critiques qui l’ont fait « souffrir », dit-il, lui, et surtout les siens. Aussi, le voir dans le film d’Olivier Dacourt évoquer les moments difficiles de son enfance et de sa carrière est en soi un petit événement. Pour autant, si le joueur du Bayern Munich s’y révèle souvent touchant, là n’est pas le seul attrait de ce documentaire (diffusé en clair), qui donne à entendre d’autres paroles inédites, à plus d’un titre. A commencer par celle de l’auteur de Ma part d’ombre et consultant pour Canal+ : Olivier Dacourt.

En effet, pour la première fois, l’ancien international de foot, qui a évolué entre autres à l’AS Roma et à l’Inter Milan, évoque le suicide d’Alexandre, son plus proche ami, au centre de formation de Strasbourg, où il débuta adolescent. « J’ai fait toute ma carrière avec ce traumatisme sans pouvoir en parler. C’est un sujet tabou dans le milieu du foot. » Un trauma sur lequel il s’est construit. « Ce fut ma force. A chaque fois que je rentrais sur un terrain, je pensais à lui », explique-t-il, au fil d’une déambulation en forme d’introspection. Un exercice auquel six stars du ballon ont accepté de se livrer : Zlatan Ibrahimovic, Eric Abidal, Thierry Henry, Antonio Cassano, Emmanuel Adebayor et Franck Ribéry.

Olivier Dacourt et Franck Ribéry chez lui, à Munich, devant ses trophées en 2017. / CANAL+

Désireux de briser le miroir des apparences, des réputations bâties à la hâte, Olivier Dacourt a cherché à comprendre de quelle manière les parcours de vie parfois chaotiques de ces hommes ont façonné les joueurs qu’ils sont devenus. Et comment ils ont transformé leurs blessures en force, quitte à brouiller parfois leur image, à susciter durablement malentendus, critiques et caricatures.

« J’ai grandi avec ce que j’ai raté »

L’enfance et l’adolescence occupent bien évidemment une large place dans ces témoignages. A travers elles s’éclaire notamment la part d’ombre du survolté Antonio Cassano, livré à 10 ans à lui-même, après le divorce de ses parents, et qui surmontera la faim, dans la rue, grâce au foot ; celle de Zlatan Ibrahimovic, le « mouton noir » de Malmö, en butte au racisme. « Comme j’étais différent, j’ai dû en faire dix fois plus que les autres », confie-t-il. Ou encore du Togolais Emmanuel Adebayor, parti assouvir ses rêves de foot en Europe, avant que sa famille, par appât du gain, ne les transforme en cauchemar.

Le « côté obscur » et austère de Thierry Henry, qui, jamais ou presque, ne célébrait ses buts, est à chercher du côté de son père. Un homme exigeant, qui martelait à son fils ses défauts, quelle que soit l’issue du match. « J’ai grandi avec ce que j’ai raté. Ma plus grande pression, c’était de mettre un sourire sur le visage de mon père », raconte l’ex-joueur d’Arsenal, qui verra sa carapace se rompre sous une déferlante de critiques après son but de la main qui qualifia la France pour la Coupe du monde de 2010, en Afrique du Sud.

Olivier Dacourt. / CANAL+

« Ce fut un massacre », s’exclame Franck Ribéry, qui connut lui aussi les affres de la notoriété. Adulé comme un « gosse génial » en 2006, avant d’être traité de « caïd immature » lors de la débâcle sud-africaine de 2010, l’ailier gauche du Bayern revient sur la « cicatrice » – terme d’ailleurs qu’il applique à toutes ses blessures – laissée par cet épisode. Un épisode qui ne sera pas sans conséquence, selon lui, sur le Ballon d’or raté, alors qu’il était au sommet de sa carrière. « C’est un vol, une injustice. Je n’ai pas eu le soutien de mon pays », lâche l’homme à l’enfance balafrée.

Ma part d’ombre, d’Olivier Dacourt et Marc Sauvourel (Fr., 2017, 85 min).