Iran : plusieurs cas de morts en détention font craindre la pratique de la torture en prison
Iran : plusieurs cas de morts en détention font craindre la pratique de la torture en prison
Par Louis Imbert
Amnesty International dénombre cinq morts parmi les 3 700 personnes arrêtées lors des manifestations. Les autorités ont reconnu deux suicides.
Lors des manifestations à Téhéran, le 30 décembre. / AP
Alors que 3 700 personnes ont été arrêtées depuis le début de la vague de contestation en Iran selon un parlementaire réformateur, Mahmoud Sadeghi, une première mort en détention a été rendue publique, le 8 janvier. Selon la version officielle des autorités, Sina Ghanbari, 23 ans, « s’est suicidé par pendaison, le 6 janvier, dans les toilettes de l’une des sections d’Evin », une prison du nord de Téhéran, devant laquelle campent des familles de détenus en attente de nouvelles de leurs proches.
L’organisation Amnesty International évoque cinq morts en détention depuis le début de la répression : elle réclame au gouvernement iranien « une enquête immédiate » et l’exhorte à prendre « toutes les mesures nécessaires pour protéger les détenus contre la torture ».
Plusieurs officiels, dont M. Sadeghi, avaient tôt mis les autorités en garde contre une répétition de la tragédie de Kahrizak, un centre de détention de la banlieue de Téhéran, dans lequel quatre jeunes Iraniens étaient morts, en 2009, durant les manifestations contre la réélection controversée de l’ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. L’Etat avait alors reconnu sa responsabilité. Le juge Saïd Mortazavi, qui avait autorisé le transfert de manifestants dans ce centre réservé aux prisonniers de droit commun, avait été condamné à deux ans de prison.
Depuis mercredi, des images de la tombe de Sina Ghanbari circulent sur Twitter (il aurait été enterré le 7 janvier dans la banlieue de Téhéran). Une autre image – un portrait du jeune homme, un peu enrobé, aux yeux rieurs derrière ses lunettes – annonce une cérémonie en sa mémoire, prévue vendredi 12 janvier. Le lieu, un quartier pauvre du sud de Téhéran, laisse présumer de ses origines modestes.
Le procureur d’Arak, un chef-lieu de province du centre du pays, a annoncé, le 9 janvier, le suicide en détention d’un deuxième manifestant, sans préciser son nom. « Il existe un enregistrement vidéo, qui montre son suicide », a-t-il précisé. L’homme se nommerait Vahid Heydari, selon l’avocate iranienne et militante des droits de l’homme Nasrin Sotoudeh.
Mme Sotoudeh a affirmé qu’un troisième jeune homme, Mohsen Adeli, était mort en prison à Dezfoul, dans le sud-ouest du pays. Auprès de sa famille, les autorités auraient évoqué un suicide mais elles ont également affirmé publiquement qu’il avait été blessé à la tête par un tir d’arme à feu, probablement durant les manifestations.