Handball : les « Experts » peuvent compter sur la relève
Handball : les « Experts » peuvent compter sur la relève
Par Corentin Lesueur
L’équipe de France, qui s’appuie sur une formation solide, débute le championnat d’Europe face aux Norvégiens, vendredi 12 janvier en Croatie.
Nikola Karabatic face au Danemark, le 7 janvier à Paris. / THOMAS SAMSON / AFP
Janvier. Sa galette, sa litanie de vœux et de bonnes résolutions et… sa glorieuse tournée de l’équipe de France de handball. Ces dix dernières années, les Bleus, renommés « Experts » de leur sport au fil de leur insatiable ruée vers l’or, ont amassé les trophées.
Depuis 2009, les tricolores ont empoché six des neuf titres hivernaux mis en jeu – championnats du monde et d’Europe alternant chaque mois de janvier. Année paire oblige, les hommes entraînés par Didier Dinart et Guillaume Gille tenteront de conquérir la couronne européenne disputée du 12 au 28 janvier, en Croatie.
S’ils n’abordent pas la compétition dans la peau – si souvent teintée de bleu – du tenant du titre, tombé dans l’escarcelle des Allemands en 2016, les Français feront encore figure d’hommes à abattre pendant l’Euro. Un statut que ni le temps, ses départs en retraite et changements d’organigramme, ni les blessures, qui ont mis plusieurs cadres sur le flanc (William Accambray, Ludovic Fabregas, Olivier Nyokas), ne semblent pouvoir effriter.
Un maillage territorial
« La France surfe sur le toit du monde, on est tout en haut de la vague, et il n’est pas question d’en descendre, prévient, confiant, Philippe Bana, directeur technique national. Notre système est bourré d’assurance et de sécurité. Nous sommes à l’abri de la chute brutale subie par les Suédois dans les années 2000. » L’antidote argué par la fédération française contre la traversée du désert vécue par les Scandinaves, après avoir dominé le handball de la fin des années 1990 ? Un système de formation qui assurerait le renouvellement de son équipe vitrine sur plusieurs générations.
Contrairement à d’autres sports collectifs, basket en tête, qui misent sur un unique centre national pour former l’élite des catégories jeunes, le handball a privilégié un maillage territorial. « Chaque région dispose de son pôle espoirs, présente Joël da Silva, l’entraîneur de Saint-Raphaël (Var). Cette toile d’araignée tissée sur l’ensemble du pays évite de passer à côté d’un talent et fournit chaque année aux clubs de première division des joueurs à faire émerger avec les professionnels. »
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Pour les éducateurs fédéraux, il s’agit non seulement d’assurer le développement des futurs internationaux mais d’anticiper, poste par poste, le renouvellement au sommet du handball national. « L’objectif est de rechercher les joueurs d’avenir sur les postes les moins bien pourvus en séniors, explique Pascal Person, coach de l’équipe de France des moins de 17 ans. Nous sommes actuellement concentrés sur la formation au poste d’arrière gauche, un manque ayant été identifié chez les Bleus dans cette zone. »
Cinq novices en Croatie
Guidés à l’Euro par plusieurs artisans de la dernière décennie dorée (Luc Abalo, Michaël Guigou, Nikola Karabatic, Cédric Sorhaindo), les « Experts » compteront dans leurs rangs des éléments bien moins habitués aux joutes internationales. Cinq des dix-huit joueurs convoqués par Didier Dinart et Guillaume Gille disputeront leur première grande compétition en Croatie : Benjamin Afgour, Raphaël Caucheteux, Nicolas Claire, Romain Lagarde, Nicolas Tournat.
Une prise de relais progressive, en droite ligne avec la politique fédérale. « L’équipe de France est comme le Sénat : elle se renouvelle par tiers, compare Philippe Bana. Aux tauliers se substituent lentement une classe moyenne, arrivée à maturité, puis une classe biberon, qui peut assumer le rôle de titulaire. Ce renouvellement tient à notre usine à champions, qui crache [sic] de l’athlète de haut niveau comme dans aucun autre sport. »
Le roulement générationnel ne requiert pas moins chez les plus jeunes une certaine dose de patience. Convoqué pour le stage préparatoire à l’Euro mais recalé de la dernière liste, Julien Meyer (21 ans), gardien à Chambéry (Savoie), sait qu’il devra patienter avant de faire définitivement son trou dans les cages des Bleus : « Je n’ai aucune volonté de bouleverser l’équilibre établi d’un claquement de doigt. Mes prédécesseurs seront de toute façon difficiles à bousculer avant leur retraite. »