Le gène du cancer du sein serait sans effet sur la mortalité
Le gène du cancer du sein serait sans effet sur la mortalité
Le Monde.fr avec AFP
Des chercheurs expliquent que la masectomie est utile à titre préventif avant le diagnostic de cancer du sein, mais pas immédiatement après l’opération.
La mutation génétique BRCA, qui avait poussé l’actrice américaine Angelina Jolie à subir une ablation des seins, n’entraîne pas une mortalité plus élevée après un diagnostic du cancer, rapporte une étude publiée vendredi 12 janvier dans The Lancet Oncology. D’après les chercheurs, l’opération est donc utile à titre préventif avant le diagnostic, mais pas immédiatement après.
Les femmes porteuses de cette mutation pourraient même avoir un « avantage » leur permettant de mieux survivre dans le cas d’un cancer du sein « triple négatif », forme particulièrement difficile à traiter de la maladie.
« Les femmes auxquelles est diagnostiqué un cancer du sein précoce et qui portent une mutation BRCA se voient souvent proposer des doubles mastectomies peu après le diagnostic », a rappelé l’une des auteurs, Diana Eccles (université de Southampton, Royaume-Uni). « Nos conclusions laissent penser que cette opération chirurgicale ne doit pas nécessairement être faite immédiatement, en plus des autres traitements. »
Selon l’American Cancer Society, les femmes porteuses de cette mutation (BRCA-1 ou BRCA-2) ont sept chances sur dix de développer un cancer du sein avant leurs 80 ans. Elles risquent par ailleurs d’être malades plus jeunes que les autres.
Le choix d’Angelina Jolie sensée
L’étude a porté sur 2 733 Britanniques de 18 à 40 ans ayant été diagnostiquées du cancer du sein entre 2000 et 2008, dont 12 % porteuses de la mutation. Le suivi de leur dossier sur en moyenne huit ans a montré que sur les 678 décédées, le cancer du sein était en cause dans 651 cas (96 %).
Mais « il n’y avait pas de différence dans la survie globale que ce soit deux, cinq ou dix ans après le diagnostic pour les femmes avec ou sans mutation BRCA », ont souligné les auteurs dans un communiqué.
Une différence n’apparaît que dans un sous-groupe, les femmes atteintes du cancer du sein triple négatif. Elles survivent légèrement mieux, deux ans après le diagnostic, si elles ont la mutation. Celles « qui choisissent de reporter une nouvelle opération pendant un ou deux ans pour mieux se remettre du traitement initial doivent être rassurées : cela n’aura probablement pas d’influence sur leurs chances de survie à long terme », rassurent les médecins.
Faire le même choix qu’Angelina Jolie reste cependant sensé. « L’opération de réduction du risque sera toujours probablement bénéfique aux porteuses de la mutation BRCA pour empêcher un autre cancer du sein ou des ovaires de se développer à plus long terme », ont-ils expliqué.