Série sur Netflix à la demande

Black Mirror - Season 4 | Official Trailer [HD] | Netflix
Durée : 02:01

Après deux époustouflantes saisons de Black Mirror, créées pour Channel 4 au Royaume-Uni, Charlie Brooker, à partir de 2016, a poursuivi sa réflexion sur la révolution technologique actuelle non plus pour la télévision, mais pour le compte de Netflix. La saison 3 de Black Mirror s’est étoffée, passant de quatre à six épisodes, tout en ­conservant son principe de base : chaque épisode repose sur une trame fictionnelle différente. C’est d’ailleurs l’un d’entre eux, « San Junipero » – lequel délaissait, pour une fois, le fond dystopique de cette anthologie pour le romantisme –, qui s’est vu couronné de l’Emmy Award du meilleur épisode de série, en 2017.

La saison 4, que Netflix vient de mettre en ligne, apparaît moins manifestement noire, dans son ensemble, que celles qui ont fait la renommée grandement méritée de Black Mirror. Mais il ne s’agit que d’une illusion d’optique, en quelque sorte. Charlie Brooker ne s’y interroge plus tant sur les effets cauchemardesques de l’omniprésence technologique (Internet, caméras, robots) que sur les possibles détournements de la conscience humaine : exploitation de la mémoire comme une matière première, transfert de sensations entre individus, mimétisme de clones remplaçant les humains.

D’excellentes actrices

Après les conquêtes géographiques et spatiales des siècles passés, semble-t-il nous avertir, c’est aujourd’hui à la colonisation des esprits qu’il conviendrait de réfléchir. A quelles prochaines dérives ou atrocités s’attendre des découvertes dans l’empire de la robotique ? A quel prix fait de servitude volontaire se paieront l’aide à la décision et l’assistance, doublées d’abandon de tout libre arbitre, permises par les fulgurantes avancées de l’intelligence artificielle ?

Lors de cette quatrième saison, où chaque épisode se révèle moins glaçant qu’auparavant mais plus empreint d’un sombre fatalisme, impossible de ne pas franchement rire ou sourire. Notamment en découvrant « USS Callister », qui se révèle aller bien au-delà d’une pure caricature du space opera (« opéra de l’espace ») des années 1960 Star Trek. Un volet qu’il faut voir même si, a priori, on déteste ce dernier ou la science-fiction.

« Black Mirror » / Netflix

« USS Callister » réunit en outre toutes les qualités qui distinguent cette saison : un traitement visuel des plus soignés (mention particulière pour l’épisode « Metalhead », tourné dans un superbe noir et blanc par David Slade) ; d’excellentes actrices – l’ensemble de la saison est avant tout porté par des femmes (dont Rosemarie DeWitt dans le volet « Arkangel », face à la caméra tenue par Jodie Foster) ; un brin d’optimisme, ne serait-ce que dans « Hang the DJ », le seul épisode à jouer les fleurs bleues en faisant écho aux comédies romantiques traditionnelles.

Dommage, cependant, que l’extraordinaire imagination dont son créateur a fait preuve depuis les débuts de la série ne donne pas lieu, au final, à des enjeux plus forts, dans cette saison, et surtout à des conclusions d’épisode plus abouties, mieux pensées. Peut-être, sur une thématique aussi exigeante que celle-ci, eût-il mieux valu s’en tenir à la production de trois volets par an.

Black Mirror, saison 4, créée par Charlie Brooker. Avec Rosemarie DeWitt, Cristin Milioti, Andrea Riseborough, Georgina Campbell, Maxine Peake (GB, 2017, 6 volets de 38 à 76 min).