La Cour des comptes dresse un constat sévère du coût du Grand Paris Express
La Cour des comptes dresse un constat sévère du coût du Grand Paris Express
Dans un rapport à paraître mercredi, la juridiction s’inquiète de l’augmentation du coût de construction du nouveau réseau de lignes de métro et de son poids pour les finances publiques.
Travaux souterrains de prolongation de la Ligne 14 du métro parisien en direction de Clichy-la-Garenne, Saint-Ouen et Saint-Denis. Chantier de creusement du tunnel entre la gare Saint-Lazare et la Porte de Clichy, réalisé à l'aide d'un tunnelier (baptisé "Yolène") de 9m de diamètre pour environ 150m de longueur. Le tunnel en direction de la Porte de Clichy. Cette partie de l'ouvrage est déjà bien avancée, le radier horizontal destiné à accueillir les voies ferrées a déjà été aménagé. Le 21/12/2017. © Antonin Lainé/ Divergence pour Le Monde / ANTONIN LAINÉ / DIVERGENCE POUR LE MONDE
La Cour des comptes dresse un constat alarmant sur le Grand Paris Express dans un rapport à paraître mercredi 17 janvier. Il évoque la dérive continuelle des coûts, émet de sérieux doutes sur le respect des échéances olympiques de 2024, et souligne le risque pour les finances publiques à court et à moyen terme.
Le Grand Paris Express est un nouveau réseau de lignes de métro automatiques visant à désengorger le réseau actuel et à relier entre eux les départements de la proche couronne parisienne.
« La Cour croit nécessaire d’alerter sur le dérapage considérable du coût prévisionnel du projet de Grand Paris Express », peut-on lire dans ce rapport qui évoque des dépenses totales désormais estimées à 38,5 milliards d’euros, à comparer à un coût initial de 25,5 milliards, fixé par le gouvernement en 2013.
Alors que l’ouverture partielle de ce réseau est envisagée pour l’accueil des Jeux olympiques à Paris en 2024, la Cour fait part de ses « sérieuses interrogations sur la capacité à respecter les échéances olympiques ».
Elle s’inquiète également de la soutenabilité du modèle économique, de la dérive des coûts du projet, combinée à des incertitudes quant aux recettes attendues, conduisant à « s’interroger sur le caractère amortissable de (la) dette (du projet) à long terme ».
La Cour des comptes préconise de « stabiliser » le coût du projet
Au-delà, la Cour déplore une incidence « significative » du chantier sur les comptes publics, jugeant qu’il « pèsera sur la trajectoire de dépenses, de déficit et de dette publics de la loi de programmation des finances publiques 2018-2022 ».
Forte de ce constat, la Cour préconise une réforme de la gouvernance de la Société du Grand Paris (SGP), structure créée en 2010 et chargée de réaliser le Grand Paris Express pour le compte de l’Etat.
« La gouvernance de la SGP est désormais trop tournée vers la dimension politique du projet et pas assez vers la maîtrise des enjeux, en particulier les objectifs de coûts. »
« Le coût du projet doit désormais être stabilisé » et « ce nouveau coût doit s’imposer à la SGP », souligne la Cour, appelant également à « revoir le calendrier » pour éviter d’« accroître l’instabilité de la maîtrise des risques et des coûts ».
Le Grand Paris Express prévoit la construction de deux cents kilomètres de lignes de métro supplémentaires (à comparer aux deux cent vingt kilomètres existants) avec la création de quatre lignes automatiques circulant dans les départements de la petite couronne et la prolongation de deux lignes existantes (les lignes 11 et 14).
Plan du Grand Paris Express après la refonte du projet par le gouvernement Ayrault en mars 2013. / Hektor / Wikimedia Commons