TV – « Grand Designs », chantiers en folie
TV – « Grand Designs », chantiers en folie
Par Renaud Machart
A voir aussi ce soir. la série de Kevin McCloud suit l’étonnante et palpitante histoire de maisons en construction (sur Netflix à la demande).
The Camouflaged Artist Studio In The Hill | Grand Designs: House Of The Year
Durée : 03:47
Grand Designs, l’un des programmes les plus appréciés de la chaîne britannique Channel 4, a connu à ce jour dix-sept saisons. Décorateur de théâtre de formation, Kevin McCloud la présente depuis ses débuts avec un enthousiasme communicatif doublé d’un humour savamment dosé, parfois sarcastique – en un mot : British. Cette série repose sur la même dramaturgie : McCLoud suit la restructuration ou la construction d’une maison, du début à la fin du projet. Tout finit en général bien, mais que de catastrophes évitées dont la description par le menu tient le spectateur en haleine.
Les situations sont-elles absolument réelles ou légèrement noircies ? Il semblerait, comme le montre le numéro de la maison flottante au bord de la Tamise (saison 12, ép. 7) – remarquable emboîtement d’un cube bétonné flottant dans une cuve également bétonnée –, que, parfois, les choses ne puissent être terminées à temps pour la diffusion…
Ansty Plum construite en 1962 par David Levitt.
Les vraies surprises architecturales – parfois excentriques – ne sont pas rares. Mais en dépit du plaisir qu’on a à voir s’ériger d’étonnantes constructions, simples ou hors de prix, en général écologiques, on note les éternels clichés de décoration intérieure : béton ciré ; cuisines ouvertes mais où tout ce qui dénote la pratique culinaire est caché dans un placard lui-même rendu invisible ; salles de bains sans rideaux aux fenêtres ; chaises DSW de Eames ou Wishbone de Wegner…
Maison dans les bois, à l’île de Wight sur la côte sud de l’Angleterre.
Chaque épisode de « Grand Designs » fait aussi le portrait d’une relation de couple, parfois mise à mal par les hauts et les bas particulièrement capricants que connaissent les chantiers domestiques – ceux passés par là le savent : dépassements de budget, retards, affaires au garde-meuble…
L’émission étant bien de son temps, les couples ne sont pas toujours hétérosexuels et la chose semble naturellement inscrite au propos, sans que jamais ne pointe son nez le poncif de la prétendue sensibilité artistique des gays en matière de décoration.
D’ailleurs, les deux hommes en couple (saison 11, ép. 9) sont en fait… fermiers, et se coltinent chaque jour le dur labeur encrotté des champs battus par la pluie. Mais, comme chacun sait, le bonheur est dans le pré.
Grand Designs, de Kevin McCloud. Saisons 11 et 12 (GB, 2011-2012,16 × 40 min).