Pourquoi les vœux d’Emmanuel Macron aux armées sont attendus
Pourquoi les vœux d’Emmanuel Macron aux armées sont attendus
Par Nathalie Guibert
Le chef de l’Etat doit prononcer vendredi un discours à bord d’un des porte-hélicoptères français et rencontrer des militaires. Son message est attendu pour plusieurs raisons.
Un soldat de l’opération Barkhane sur la base aérienne de Niamey, le 22 décembre. / LUDOVIC MARIN / AFP
Le président de la République doit se rendre vendredi 19 janvier au matin sur la base navale de Toulon pour ses premiers vœux du quinquennat en tant que chef des armées. La tradition veut que cette cérémonie traditionnelle alterne entre les trois armées. Il était prévu que 2018 soit le tour de la marine nationale.
Emmanuel Macron doit prononcer un discours à bord du bâtiment de projection et de commandement Dixmude, un des trois porte-hélicoptères français, et rencontrer des militaires. Voici les trois raisons pour lesquelles son message est attendu.
Un discours six mois jour pour jour après la démission du chef d’état-major des armées
A 61 ans, le général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, a démissionné le 19 juillet 2017, une première sous la Ve République pour le titulaire de ce poste. En cause, la décision prise début juillet par le président Macron d’amputer le budget 2017 des armées de 850 millions d’euros, au titre de la contribution du ministère au redressement des comptes publics.
Les deux hommes s’étaient entendus pour augmenter immédiatement l’effort de défense. Le général, qui a fait part de son courroux face à ce qui était pour lui une mauvaise surprise, a été vertement et publiquement rappelé à l’ordre devant tous ses subordonnés par le chef de l’Etat lors de la garden-party du ministère le 13 juillet au soir.
La crise a provoqué une onde de choc dans les armées et a abouti à la promotion éclair d’un jeune chef d’état-major, le général François Lecointre, 55 ans.
En octobre, Pierre de Villiers s’est expliqué sur sa décision dans un livre, Servir (Editions Fayard), qui s’est déjà vendu à plus de cent mille exemplaires.
Une nouvelle loi de programmation militaire arbitrée deux jours avant
Emmanuel Macron a procédé mercredi en conseil de défense aux derniers arbitrages de la future loi de programmation militaire (LPM) pour la période 2019-2025. Le texte devrait être présenté en conseil des ministres le 7 février et au Parlement dans la foulée.
Programmes d’armement pour l’avenir, moyens de court terme pour la préparation opérationnelle des forces, dépenses immédiates pour les personnels : l’équilibre entre ces trois impératifs suscite de fortes batailles internes, entre les armées et entre les industriels de la défense.
La LPM doit permettre de financer les ambitions du pays face aux menaces qu’il pense affronter, lesquelles ont été décrites dans la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale, validée le 11 octobre 2017.
Sur le quinquennat, promet le chef de l’Etat, les moyens militaires de la France seront augmentés de 30 milliards d’euros (soit 190 milliards de dépenses pour la période 2018-2022). Et d’ici à 2025, l’effort du pays pour sa défense devrait atteindre 2 % de son PIB, hors budget des pensions. Le budget 2018 des armées est en augmentation de 1,8 milliard. La moitié de cette somme financera les engagements pris précédemment par François Hollande.
Une réorganisation obligée des opérations extérieures
Sur le terrain des « opex », le président a demandé deux choses aux armées.
La première, une adaptation des deux principales missions en cours, pour tenir compte de la situation sur le terrain. En Irak et en Syrie, l’organisation Etat islamique a reculé et des moyens français (forces spéciales, avions de chasse) mis au service de la coalition américaine ont commencé à être retirés de l’opération « Chammal » (1 500 soldats français). Au Sahel, Emmanuel Macron veut que l’opération « Barkhane » (4 500 soldats) apporte des victoires palpables contre les djihadistes, notamment dans le centre du Mali, afin d’ouvrir le terrain à la force régionale africaine qui émerge à peine et doit à terme prendre le relais.
La seconde demande du président est un allégement là où cela est possible des moyens militaires engagés (30 000 soldats opérationnels en France, outre-mer et à l’étranger), afin de retrouver des marges de manœuvre au cas où il devrait décider d’une nouvelle intervention extérieure. En effet, le niveau des opérations actuelles a dépassé ce qu’autorisaient les moyens alloués ces dernières années, et les armées sont en surchauffe, qu’il s’agisse de leurs hommes ou de leurs matériels.