Parcoursup : ouverture des inscriptions sous haute tension
Parcoursup : ouverture des inscriptions sous haute tension
Par Soazig Le Nevé
La plate-forme d’admission dans le supérieur a pleinement ouvert lundi, tandis que de nombreux acteurs appellent à se mobiliser contre la « sélection » à l’université ou à donner plus de moyens à la réforme.
Les lycéens ont jusqu’au 13 mars pour saisir leurs vœux dans Parcoursup. / DR
Cette fois, les lycéens ont la main. Mais sera-t-elle heureuse ? A partir de ce lundi 22 janvier et jusqu’au 13 mars, les futurs bacheliers et les étudiants souhaitant se réorienter en première année d’études supérieures peuvent indiquer leurs vœux de formation pour la rentrée 2018 sur la nouvelle plate-forme Parcoursup.
Contrairement à la plate-forme APB, très critiquée durant l’été, Parcoursup va enregistrer des vœux motivés mais non hiérarchisés par les élèves. L’objectif annoncé est d’éviter le tirage au sort, pratiqué l’an dernier quand les candidats étaient trop nombreux à l’entrée d’une filière universitaire non sélective, en créant des « attendus ». Concrètement, toutes les formations vont désormais classer l’ensemble des candidats à partir de leurs dossiers, ce qui permettra de les départager, dans le cas où les capacités d’accueil sont atteintes.
Face à ce qu’ils considèrent comme un complet renversement de logique pour accéder aux études supérieures, plusieurs organisations syndicales (CGT, FO, FSU, Solidaires, SUD), mais aussi étudiantes et lycéennes (UNEF, UNL, SGL) ont lancé un appel commun à la grève le jeudi 1er février, tandis que des assemblées générales « contre la sélection » s’organisent dans plusieurs universités, comme à Paris 1, Paris 8, Paris 13 ou Aix-Marseille. L’ASES, l’association des sociologues enseignants du supérieur, a annoncé qu’elle se joindra à cette journée de mobilisation, après avoir lancé une pétition (près de 5 000 signataires en quelques jours) et lancé samedi 20 janvier un appel unitaire au retrait de la plate-forme Parcoursup et du projet de loi relatif à l’orientation et à la réussite des étudiants.
Les enseignants signataires refuseront de « répondre aux injonctions de mise en œuvre d’une procédure prévue par une loi non encore votée », le Sénat devant encore examiner le projet de loi les 7 et 8 février. « L’éthique du fonctionnaire engage à refuser les ordres illégaux », écrit l’ASES, dont l’appel unitaire a été signé par 300 personnes. L’association appelle « à saisir les tribunaux administratifs contre toute décision prise dans les établissements en dehors du cadre démocratique de vote dans les conseils centraux » des universités.
Une défiance qui monte
La défiance monte également dans les rangs des premiers soutiens du plan étudiants, présenté cet automne par Frédérique Vidal. Lors d’une réunion, le 16 janvier, du CNESER, instance représentative de l’enseignement supérieur, La CFDT, l’UNSA et la FAGE ont ainsi déposé une motion arguant que « les moyens matériels, humains et financiers ne sont pas suffisants ».
Evaluant les financements nécessaires à 1 milliard d’euros par an, la CFDT veut croire que le plan d’investissement de 950 millions d’euros sur cinq ans pour financer la réforme du premier cycle n’est qu’un « premier pas », « ce qui n’interdit pas de demander plus ». Le syndicat appelle les personnels à se mobiliser dans leur établissement en interpellant leur président d’université, mais aussi les parlementaires de leur territoire.
Quant au think tank L’Hétairie, classé à gauche, il alerte dans une note publiée le 15 janvier sur « le risque de passer d’un système trouble [APB] à un système opaque, où l’arbitraire humain reprendra une place conséquente » à travers une sélection généralisée des étudiants. Et de conclure : « Il y a fort à craindre que les usagers n’aient in fine guère plus confiance en Parcoursup qu’en APB. »
Posez-nous vos questions sur Parcoursup lors de notre journée spéciale, mercredi 24 janvier
Les lycéens et étudiants en réorientation doivent s’inscrire et saisir leurs vœux de première année d’études supérieures sur la plate-forme Parcoursup, qui succède à Admission post-bac (APB), entre lundi 22 janvier et mardi 13 mars. Pour les aider, Le Monde Campus organise une après-midi de direct, mercredi 24 janvier après-midi, avec une série de tchats :
– « Comment fonctionne la nouvelle plate-forme et comment choisir son orientation ? », à 14 h 30 ;
– « A quoi ressemble la licence de Staps et quelles sont les chances d’y avoir une place ? », à 15 h 30 ;
– « Tout savoir sur la prépa (et augmenter ses chances d’être pris) », à 16 h 30.
Le Monde organise par ailleurs les conférences O21/S’orienter au XIXe siècle, à Nantes (16 et 17 février), Bordeaux (2 et 3 mars) et Paris (17 et 18 mars), après celles de Nancy et Lille. A consulter également, notre rubrique Le Monde Campus, et tout particulièrement ses sous-rubriques O21, Etudes supérieures et Parcoursup APB, où sont notamment mis en ligne les articles de notre supplément « L’orientation est-elle sexuée ? », publié dans Le Monde daté jeudi 18 janvier.