« Hannah » : le long malaise de Charlotte Rampling
« Hannah » : le long malaise de Charlotte Rampling
Par Isabelle Regnier
Andrea Pallaoro dresse un portrait éprouvant d’une femme en plein désespoir, interprétée par l’actrice britannique.
Spectateur masochiste, ce film est pour toi. Une heure trente d’une Charlotte Rampling mutique, grise, confite de mal-être et de haine d’elle-même que le cinéaste se plaît à filmer sous toutes les coutures, révélant sans ménagement les marques du temps sur son corps avec une délectation qui rappelle celle dont peut faire preuve un Michael Haneke au sommet de sa cruauté. Faute de nous avoir séduits, cette performance héroïque lui aura valu le Lion d’or à la Mostra de Venise. Hannah, le personnage qu’elle joue, est une femme dont le mari est emprisonné, sans que l’on sache jamais exactement pourquoi. Les quelques indices que le réalisateur a la bonté de nous jeter en pâture permettent tout juste d’imaginer le pire.
Plans longs et pénibles
Hannah prend le RER, lave son petit chien, se couche, met des lys dans un vase, fait un gâteau pour la fête d’anniversaire de son petit-fils où on ne la laissera pas rentrer, jette les lys à la poubelle, rend visite à son mari en prison, va nager à la piscine, répète sur un ton monocorde une pièce de théâtre dans le cadre d’une troupe amateure (à moins qu’il s’agisse d’un groupe de parole ?), fait le ménage pour la famille riche qui l’emploie, suffoque de diverses manières possibles dans la honte et la douleur… Les plans sont longs et pénibles, comme le maelström d’aigreur qui habite cette pauvre femme dont on ne saura, au bout du compte, rien.
Film français, belge et italien d’Andrea Pallaoro. Avec Charlotte Rampling, André Wilms (1 h 35). Sur le Web : www.jour2fete.com/distribution/hannah